Il sort aujourd’hui et nous vous souhaitons d’avoir mieux à faire que d’aller voir ce film.
C’est l’histoire d’un monde qui est proche de chacun des français. Tout le monde a un cousin, un frère ou un ami au chômage. Nora Philippe s’immerge dans une agence pôle emploi telle une petite souris.
Documentaire sans commentaire.
Le sujet est important et est pourtant réduit par un point de vu subjectif. En effet Nora Philippe se plonge dans une agence de Banlieue parisienne. Elle y croise alors des caricatures de chômeurs – auprès de qui nous portons évidemment une certaine empathie. Pour exemple, nous voyons dans ce film un père sourd et muet qui doit faire traduire son langage des signes par un enfant de 5 ans. Cliché vous avez dit ? Oui. Nous ne retrouvons pas les chômeurs qui retrouvent du travail ou ceux qui sont diplômés et cadres. Non, Nora Philippe ne veut pas de ces gens « Normaux » qui sont au chômage, non seulement parce qu’il n’y en a soi-disant pas dans l’agence en question mais sans doute aussi parce qu’ils ne sont pas assez spectaculaires et qu’ils ne reflètent pas la réalité qu’elle se construit depuis sa petite tour de bourgeoise parisienne.
La rédaction de Carnet d’Art a rencontré la réalisatrice, tentatives d’explications.
« Je suis originaire de Paris et j’ai tourné dans le 93 en Seine Saint-Denis.
C’est une ville ou on peut faire des films. C’est par logique que j’ai tourné ce film en région parisienne. L’Ile de France est la région où il y a le plus d’agences pôle emploi. Les questions d’emplois sont concentrées. En Seine Saint-Denis le bassin d’emploi et la situation sont quand même tendu, donc ça fonctionne comme un révélateur sur les réalités que je voulais filmer. »
Est-ce que l’impartialité est totale quand on choisit la Seine Saint-Denis pour Pôle emploi ?
Est-ce que l’impartialité aurait été de choisir une agence cadre du 16eme arrondissement de Paris ?
Pendant un an et demi j’ai arpenté les agences en ile de France sans trouver l‘agence idéale.
On m’a envoyé en Seine Saint-Denis où l’accès à l’emploi est très perturbé, c’est très intéressant, ça représente une majorité en France. On n’a pas à caricaturer une réalité mais à prendre la réalité à bras le corps.
Dans ma cohérence je voulais voir les agents confrontés à leur quotidien.
Ils reçoivent une population qui se renouvelle sans arrêt chaque matin il y a une sorte d’afflux incontrôlable de gens (certains sont en transits, il y a des chômeurs, des intérimaires). J’ai été au cœur de cette réalité.
Il y a aussi la réalité des nouveaux demandeurs d’emplois (les jeunes étudiants), on a l’impression que cette réalité a été occultée au profit de tout le reste.
J’ai tourné dans une seule agence. Je ne fais pas une série, mon documentaire n’est pas sur pôle emploi mais sur le fonctionnement d’une agence. Aucun film n’est fait sur pôle emploi. C’est en restant sur un même lieu que l’on peut saisir des réalités.
Comment s’est construit le film ?
L’équipe du documentaire arrivait tôt le matin et repartait bien après la fermeture de l’agence. On était là, même si la caméra n’était pas allumée, juste pour sentir les choses, sentir les gens. Ça nous a fait filmer plus intelligemment et plus sensiblement. Ce qui nous a aidés au montage c’est qu’on avait des images pleines d’émotions car on était dans leur quotidien et c’est ce qui nous a permis d’être justes.
Le doc n’est pas à charge contre pôle emploi ou le personnel, il a un regard distancié.
C’était très important de filmer des travailleurs dans une administration française contemporaine. L’idée était des montrer des humains et des personnes que j’ai aimé fréquenter et que j’ai admiré.
S’il y avait une morale à ce documentaire, ce serait
« pour survivre et s’en sortir il faut avoir de l’humour »