Shanghai Express.
EXPOSITION « Shanghai » de Erwin Olaf jusqu’au 07 juin 2018 à la Galerie Magda Danysz, Paris.
La position du corps dans chaque lieu choisi par Erwin Olaf afin de décrire Shanghai dans son triptyque sur le monde est soulignée par des couleurs sombres et une impeccabilité de mise en scène glaçante. À chaque vision de telles photographies se découvrent de nouvelles précisions. L’artiste propose une ou plusieurs naissances qui contiennent forcément des abandons, une « complétude » nouvelle.
Bref Erwin Olaf crée ainsi des attentes en de telles narrations. Celle ou celui qui regarde doit faire le « reste ». Une gravité accapare toute l’étendue par acceptation de diverses oppositions : femme-homme par exemple. L’œuvre crée une étrangeté du quotidien. Demeure une douceur qui fascine mais aussi un plaisir (pour l’autre) qui tue. C’est un art de l’énigme où la question posée reste toujours la même : « Et vous, vous savez ce qu’il en est de l’amour ? ». Et quelle qu’en soit la nature…
La solitude est à la source omniprésente d’une approche minutieuse du secret. Le portrait est sans emphase dans ses effets de pose. La présence obstinée du brillant regard d’Éros n’apparaît que sous les voiles cendrés de Thanatos. Par le cercle qui s’élargit se met en évidence le refoulé du monde afin de lui donner la pudeur et l’excès. Les deux renvoient toujours à ce mur de l’autre : le photographe nous perd en lui à l’image de ses personnages et par un subtil jeu d’échos. C’est peut-être le prix à payer pour retrouver la trace des constellations qui nous hantent et discerner la nécessité de sacrifier aux certaines étoiles selon divers chemins plus ou moins inversés.
Image à la Une © Erwin Olaf, Shanghai Huai Hai 116 Portrait 02,2017 – 2018.