Espace Malraux 2017/2018 . 1e partie de saison

La première partie de saison de l’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry, lève le voile sur des propositions singulières, engagées ou poétiques comme pour ouvrir des chemins qui interrogent notre rapport au monde et à l’autre.

La parade moderne.

Marquant l’ouverture de la saison, La parade moderne est une œuvre sculpturale et déambulatoire imaginée par un couple fusionnel de plasticiens et performeurs, Yvan Clédat et Coco Petitpierre. À mi-chemin entre un festif défilé de carnaval et un insolite cours d’histoire de l’art en plein air, une dizaine de figures librement inspirées d’artistes de la première moitié du XXème siècle comme Magritte, Ernst, De Chirico, Léger, Munch, Arp, Brauner ou Malevitch prennent vie dans les rues de la ville.

Les Os Noirs.

Artiste associée à l’Espace Malraux, Phia Ménard est dans un processus de recherche qui explore les éléments naturels comme l’eau, la terre ou l’air. Dans une approche axée autour de la notion des transformations, ces matières premières sont presque des prétextes à faire jeu pour questionner les comportements humains. Pièce du vent, Les Os Noirs interroge sur ce qu’il peut se passer en amont d’un suicide, dans une rupture de la lumière vers l’obscurité, à travers une série de tableaux achromes.

King Kong Théorie.

En s’emparant du texte de Virginie Despentes, Émilie Charriot aborde autant de sujets tabous, gardés dans des zones de silence ou évoqués de manière détournée. Dans une parole brute, portée en toute épure sur scène, deux femmes se racontent sans jamais dialoguer. Il n’est pas seulement question de féminisme mais essentiellement des paradoxes qui lient une chose et son contraire ; de la féminité à la virilité, de l’émancipation à la tradition des genres, et de la gravité d’un propos liée à une certaine légèreté parfois, mais qui permet de trouver une juste distance. Un témoignage délivré à vif, touchant aussi bien les hommes que les femmes.

Elle voulait mourir et aller à Paris.

Au sein de la compagnie Oh ! oui…, Joachim Latarjet et Alexandra Feischer s’attachent à créer des spectacles dans lesquels la musique est omniprésente comme une narration complémentaire au texte. À partir de matériaux de l’histoire personnelle de Joachim Latarjet, fils d’une émigrée grecque, Alban Lefranc a écrit un récit, non pas biographique, mais qui explore une archéologie familiale. Parcourant la vie d’anonymes, Elle voulait mourir et aller à Paris interroge la part de légendaire et de multiculturalisme que chacun peut posséder.

Andromaque (un amour fou).

Dans sa nouvelle création, Matthieu Cruciani fait se rencontrer deux œuvres, Andromaque de Jean Racine et L’Amour fou de Jacques Rivette. En inscrivant le présent dans une tragédie historique et fictionnelle, Andromaque (un amour fou) soulève les problématiques liées aux mutations sociétales. Dans une énergie émancipatrice, les révolutions personnelles d’une génération vivant dans un monde trouble deviennent les moteurs d’une envie de vivre.

Le Syndrome de Cassandre.

Cherchant une légitimité dans le regard de l’autre, Yann Frisch est tel un clown désenchanté sur scène qui propose une magie qui n’a rien à voir avec le tour pour le tour ou l’humour pour l’humour. De ses gestes se dégagent différents niveaux de lecture, échos personnels, peurs et fantasmes. Le Syndrome de Cassandre est une expérience plurielle capable de faire rire aux éclats certains spectateurs, d’en plonger d’autres dans une torpeur métaphysique et sensuelle ; chacun se sent fuir, se sent vivre.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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