Espace Malraux 2017/2018 . 2e partie de saison

PRESCRIPTIONS CULTURELLES

La seconde partie de saison de l’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry et de la Savoie dévoile des propositions singulières, engagées ou poétiques comme pour ouvrir des chemins qui interrogent notre humanité.

Les Bacchantes.

Sara Llorca s’empare du texte d’Euripide dans une réécriture où la pièce se déroule par fragments, où l’ordre original des scènes est remanié, comme pour mieux recréer un lien avec le temps présent. En transposant notamment le lieu d’exultation dans une boite de nuit où les plaisirs, les désirs et l’ivresse se mêlent et sont autorisés, Les Bacchantes sont résolument empreintes de modernité. Les trois acteurs prennent en charge plusieurs rôles pour questionner les frontières identitaires et les capacités d’aveuglement dans un trouble du réel.

À un endroit du début.

Grande inspiratrice des évolutions contemporaines de la danse en Afrique, Germaine Acogny convoque ses ancêtres comme pour s’alléger du poids du passé et revenir À un endroit du début. Dans ce solo où elle emprunte à la mythologie grecque, Germaine Acogny propose une danse qui revient aux sources, un théâtre total qui est à la jonction des traditions européennes et africaines. Mise en scène par Mikaël Serre, l’interprète et chorégraphe donne sa voix et ses pas de danse pour interroger la place des femmes, l’identité et ses racines qui, en étant transformées, permettent à l’homme de pousser et de renouveler les horizons de l’être humain.

And so you see…

Chorégraphe sud-africaine, Robyn Orlin bouscule par ses propositions qui s’attaquent à des questions très politiques touchant au racisme, à l’homophobie, à la liberté ou à l’identité. And so you see… est une pièce pour un interprète rencontré à Johannesburg et appartenant à la prochaine génération de Sud-Africains. À la fois danseur, acteur, homosexuel, chrétien et guérisseur, Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza explore les sept pêchés capitaux dans un voyage qui est tel un requiem pour l’humanité. Sur les notes de Mozart se crée un contraste qui tente de transformer les horreurs d’une société destructrice en célébration de la vie.

(S)acre.

Faisant suite à (F)aune – un solo qui interroge l’homme, l’animal et l’industrialisation –, à (H)ubris – une pièce pour danseurs hip-hop qui pose la question du genre et du mythe –, (S)acre est le dernier volet du triptyque engagé par David Drouard. Prenant la forme d’un concert chorégraphique, (S)acre est un ballet féminin qui s’engage autant sur les voies de la résistance liées aux droits des femmes que sur les mouvements d’une nature reprenant ses droits sur les constructions.

La petite fille de monsieur Linh.

Dans la lignée de Grensgeval, Guy Cassiers poursuit son exploration autour des questions de migration. Le metteur en scène prend le parti d’aborder le texte de Philippe Claudel par le biais du rêve et de l’imaginaire. La petite fille de monsieur Linh raconte l’histoire d’un homme qui a dû fuir son pays ravagé par la guerre et qui échoue dans un nouveau monde. À travers un sujet actuel, Guy Cassiers pose les maux de la société.

Dumy Moyi.

Avec Dumy Moyi, François Chaignaud propose une expérience singulière plongée dans une profonde intimité et une immédiate proximité. À la manière des rituels de Theyyam dans le Malabar indien, l’interprète et chorégraphe apparait comme autant de figures mystiques, divines ou chamaniques. Sur le rythme des airs ukrainiens, philippins ou séphardiques, ce récital polyglotte voit se déployer et se muer un être pris d’une féroce animalité ou d’une douce sauvagerie. Les cultures, les danses et les gens convergent pour s’incarner dans le corps de François Chaignaud qui transmet une vision extrêmement forte du monde.

Image à la Une © Espace Malraux.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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