Exode 138

Cette série photographique d’intérieurs, d’extérieurs et de portraits est extraite d’un travail de documentaire en cours de réalisation : Exode 138. Les lieux de tous les jours sont souvent synonymes de banalité à laquelle nous ne prêtons plus attention. Les objets sont pour moi révélateurs de la personnalité de leur propriétaire. Pour cette série, j’ai pris le temps de m’inviter chez les gens pour apprendre et m’imprégner de cette région qu’est la Côte-Nord (Québec), entre Baie-Comeau et Kegaska, en sillonnant la route 138. Prospecter au hasard et se faire ouvrir des portes est pour moi un défi personnel pour partir à la rencontre d’inconnus.

Introduction

La Côte-Nord ce sont avant tout des couleurs. Comme sur un tableau, une large bande bleue, le fleuve, l’océan, puis le blanc de la banquise qui se fissure au début du printemps. Vient ensuite le gris de l’asphalte, la Route 138, cette longue cicatrice qui sépare l’eau du vert de la forêt. Mais cette balafre a elle même une fin. La route s’arrête et au-delà, c’est le territoire du blanc.
De Baie-Comeau jusqu’à Kegaska, une à une, ses villes, ses communautés, ses grands espaces dessinent un vaste tableau jusqu’à ce panneau-STOP qui laisse derrière lui un autre voyage, celui-ci complètement sauvage.

Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui de vivre en Côte Nord ? Quels sont les gens qui vivent là-bas ? Quels sont leurs modes de vie, leurs préoccupations ? C’est pour tenter de répondre à ces questions que nous sommes partis le vendredi 3 avril 2015 de Matane pour débarquer à Baie-Comeau et longer la Côte-Nord jusqu’à ce que la route s’arrête. Au gré des rencontres, des heureux hasards, nous avons essayé de capter l’âme de la Côte-Nord, une terre de luttes. De luttes contre la rigueur du climat, de luttes sociales passées, mais aussi présentes, de luttes pour l’environnement, mais également pour l’identité, qu’elle soit québécoise, acadienne ou amérindienne.

Texte de Pierre-Henrie Ollier.

Thibaut Ketterer

Originaire de Chambéry en Savoie, Thibaut Ketterer commence la photographie par passion en 2007 lors de ces différents voyages (Suède, USA, Irlande, etc..). Par la suite il suis se amis les Nichiels et The Traders (groupe de punk rock français) ou il parcourra plus de 45 000km à travers l’Europe (Russie, Urkaine, Moldavie, Lettonie, etc.) pendant 4 ans. Diplômé du DEC en photographie du cégep de Matane (Québec, Canada) depuis mai 2015, Thibaut s’attarde sur la pratique de la photographie documentaire et artistique. «La chasse québécoise» et «Exode 138» sont des documentaires qui ont marqué son inconscient et sa façon de travailler. L’humanisme, la proximité avec le  sujet et son intérêt pour lui est pour Thibaut la clé d’un bon reportage photographique. Son travail a déjà fait partie d’explosions collectives au Québec et en France, ainsi que dans des publications canadiennes.  De nouveaux projets sont en cours de réflexions pour 2016 avec une continuité de l’essai photographique «Exode 138»  (première exposition solo dans le centre d’artiste Espace F à Matane du 15 octobre 2105 au 17 janvier 2016).

Démarche Photographique.

Dans mon travail photographique, je m’intéresse à la place qu’occupe l’Homme dans notre société ainsi qu’à sa manière d’aménager et de transformer les espaces de vie et les étendues naturelles.  Je m’interroge également sur différents enjeux sociaux comme, la problématique de l’acceptation de l’homosexualité, la disparition des us et coutumes traditionnels dans les régions éloignées. L’utilisation de l’errance et la découverte de l’autre me permettent de développer un contenu visuel et m’apprennent à connaître d’autres cultures. Je m’attarde ainsi à discuter avec des gens ordinaires, déconnectés des grands centres qui façonnent leurs vies dans la rudesse du quotidien et la pratique de traditions en quasi-voie de disparition. Je tente de me détacher de cette génération ancrée dans les réseaux sociaux dont je fais partie.

Mes récentes recherches sur le milieu de la chasse matanaise démontrée ma vision d’un phénomène particulier propre à une tranche de la population québécoise qui se divertit à travers ce sport qu’est la chasse. J’ai voulu dévoiler des personnages se retrouvant dans des milieux ruraux au cœur de la forêt, exploitant les ressources naturelles et assouvissant leurs jouissances.
Mon intérêt se portera dans l’avenir sur la migration des jeunes vers les grands centres, l’appauvrissement des ressources naturelles, l’exploitation touristique et la perte des coutumes chez les plus vieux.

2 Comments

  • […] partir du 11 février est celle de Thibaut Ketterer. Confrontant son travail réalisé au Québec, Exode 138, avec celui récemment réalisé en Maurienne, Vestibules Savoyard, Thibaut Ketterer interroge les […]

  • […] solo en France, à l’Espace Malraux de Chambéry, Thibaut Ketterer confronte deux de ces sujets Exode 138 (réalisé en Côté-Nord, au Québec) et Vestibules Savoyards (réalisé en Maurienne, en France). […]

Leave a Reply Cliquez ici pour annuler la réponse.

Répondre à Thibaut Ketterer | Carnet d'Art Annuler la réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.