Vivian Maier

Fendre les miroirs des feintes.

EXPOSITION « Vivian Maier – Entre ses mains » jusqu’au 12 janvier 2020 au Palazzina di Caccia di Stupinigi, Turin, Italie.

Vivian Maier a ouvert des « occurrences » qui remettent en cause toute une tradition. Et si le créatrice ne fit pas abstraction de ce qu’il en est de l’identité, de l’anonymat (ou de la reconnaissance) elle n’oublia jamais la nature inhérente à l’image, ses signes, ses traces et parfois ses monnaies de singe lorsqu’il existe des formes de dénis ou d’absence de vigilance.

La créatrice anonyme travailla avec l’apparence pour la perturber comme elle modifia notre regard et ses habitudes de reconnaissance du « modèle ». Elle fut capable de souligner les gouffres sous la présence et de faire surgir des abîmes en lieu et place des féeries glacées afin de ne pas participer au désastre croissant de l’imaginaire.

Undated © Vivian Maier. Courtesy Palazzina di Caccia di Stupinigi.

Vivian Maier en accordant une nouvelle hiérarchie ou valeur au réel au sein d’un arsenal hétéroclite de ses prises crée une sorte d’endoscopie paradoxale des corps. L’image perd alors en religiosité de l’apparence pour devenir signe d’un moi ou d’un réel plus profond qui peut surgir parfois en termes d’ironisation subtile.

Ce qui est mis à nu c’est le trou béant du réel ou de l’être. Dès lors l’art du portrait se renverse : il s’agit de rogner et renier la présence par ce « trou-dit » (Beckett) qui est l’autre nom de l’aube. C’est aussi l’âtre de l’être qui ouvrant son foyer qui donne moins consistance au corps qu’à la fiction que nous sommes là où à la place de la naissance d’une identité miroir crée son « enfentement ».

Image à la Une © Vivian Maier, Courtesy Palazzina di Caccia di Stupinigi.

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