Festival International du Film d’Animation d’Annecy

O menimo e o mundo

Annecy, la belle, la fière, la superbe, la culturelle, la touristique s’est transformée en capitale mondiale du cinéma d’animation durant une semaine.

Prélude de l’évènement.

Il y a plusieurs mois déjà, j’ai fait une demande pour obtenir le précieux sésame qui me permettra d’avoir accès aux multiples évènements. N’espérez pas débarquer le jour J sans n’avoir rien préparé, vous ne seriez pas pris au sérieux. Les chargés de relations publiques me confirment qu’ils m’accordent mon accréditation presse. Check, première étape franchie.

Quelques jours avant le début du festival, ouverture de la billetterie en ligne. La frénésie commence, c’est à ce moment qu’il faut choisir quelles sont les projections à aller voir, quelles sont les conférences ou workshops où s’inscrire. Le choix est difficile, d’autant plus si l’on ne connait pas bien le milieu, on clique au hasard. Le nombre de places limité facilite la démarche, on prend, on verra bien.

Intégration dans un microcosme.

La ville s’est munie de multiples pancartes fournissant toutes les indications nécessaires aux festivaliers. Je trouve sans la moindre difficulté le point de départ de mon parcours, cette grande place en face du centre commercial qui n’a aucune fonction le reste de l’année, si ce n’est de rester vide. Tout est magistralement orchestré, chaque bungalow éphémère a sa fonction, une catégorie qui lui est propre. Je ressors de l’espace presse arborant fièrement un petit cordon autour du coup avec un badge indiquant Press Agent, ainsi qu’une sacoche remplie de documents officiels, du catalogue officiel, de programmes, de cartes et autres prospectus en tout genre.

Je mesure vite l’ampleur du festival. Je croise des dizaines de personnes qui, comme moi, ont le fameux petit cordon. Tout est très codifié, chaque catégorie à sa couleur, on différencie aisément la presse, des étudiants, des professionnels, des organisateurs, etc… Un étrange sentiment d’appartenir à quelque chose qui me dépasse commence à m’envahir. Et ce n’est que le début…

Apprentissage et assimilation.

Première projection. J’avais choisi une des sélections de courts-métrages, celle qu’il ne fallait pas louper apparemment. Mais cela, je ne l’ai compris qu’à la fin du festival ! La bande-annonce du festival commence… Les personnes dans la salle crient en coeur « lapin », que se passe-t-il ? Un autre code, un nouveau rite qu’il faut appréhender et intégrer.
Le travail des réalisateurs est remarquable. On aime, on n’aime pas, là n’est pas la question. Des centaines d’heures de travail accumulées pour déclencher des émotions, chez nous, simples spectateurs.

Les films venant des quatre coins du monde, il convient dans ce type de festival, de parler couramment une, ou plusieurs langues étrangères. Ceci est d’autant plus vrai lorsque l’on arrive au MIFA installé dans le somptueux Impérial Palace. L’ensemble du monde de l’animation est là, studios, écoles, chaînes de télévision, institutionnels. Ce marché ressemble à tous les salons professionnels. Si votre but est de développer un réseau, rencontrer les décideurs clés ou présenter des réalisations, c’est The place to be.
Pour la presse, c’est un peu différent, on s’informe sur l’actualité, sur les futurs enjeux et on est en quête des talents d’aujourd’hui et de demain.

Je multiplie donc les rencontres. Un réalisateur m’invite à la soirée privée du film suisse. J’arrive dans un de ces hôtels très chics d’Annecy. Les moyens sont là, c’est un peu Cannes, sans les paillettes, mais tout de même. Qui sont tous ces invités ? Recherchent-ils quelque chose en particulier, sont-ils là parce qu’il faut l’être ou simplement par hasard ? Les discussions étant superficielles et éphémères, je n’obtiendrai pas de réponses à ces questions. J’en repars avec un certain sentiment de satisfaction, celui d’être dans l’underground du festival, celui qui n’est pas indiqué sur les programmes.

Bouquet final.

Durant cette semaine, il existe d’autres événements en parallèle comme les séances de dédicaces d’auteurs de bandes dessinées dans la boutique officielle, BD Fugue à Bonlieu. Il y a aussi une soirée prisée par des festivaliers avertis : Annecy Off & Annecy +. Je connais bien cette soirée se déroulant sur un bateau à l’entrée de la ville, pour l’avoir en partie produite l’an dernier. Cette année, c’est une chaîne de télé locale qui assure le plateau, une certaine effervescence règne parmi les techniciens. Dans un peu plus d’une heure, l’émission débute, mais une certaine confusion règne… Je me retrouve promue régisseur plateau en quelques minutes, je vais essayer de mettre mon expérience au profit de cette soirée. Bill Plympton, rencontré la veille par hasard devant le cinéma, me salue. Ca y est, la nuit peu commencer on the boat.

Dernier soir, le palmarès va être dévoilé, enfin. Sur le Pâquier, où les projections nocturnes gratuites se sont enchainées toute la semaine, on attend avec impatience de savoir qui obtiendra un Cristal. Les tweets se multiplient sur mon téléphone. Je me rends compte que mes choix hasardeux de projections m’ont permis de voir la plupart des films récompensés… Prix du jury pour « Cheatin’ / Les amants électriques » de Bill Plympton, Prix du public et Cristal du long métrage pour « O menimo e o mundo / Le garçon et le monde » du réalisateur brésilien Alê Abreu. Dans la tiédeur de la nuit annécienne, le film commence sur l’écran géant. C’est fini, à l’année prochaine.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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