27ème édition.
Je suis de retour d’Angers… Oui bien sûr mon fils ainé vit dans cette jolie ville, et j’ai cumulé deux plaisirs, celui de partager de beaux moments avec lui et son amie avec celui de vivre trois petits jours du Festival Premiers Plans.
J’ai découvert Premiers Plans il y a quelles années lorsque nous avons vécu dans l’ouest de la France. Cet évènement, qui se déroule à la même période depuis 27 ans, propose une centaine de premiers films européens, courts et longs métrages, des rétrospectives, des échanges, des rencontres, des expositions mais vous pourrez en savoir plus en allant sur leur site.
Cette année, Bertrand Blier était à l’honneur, j’ai assisté à une Leçon Musique et Cinéma pour laquelle il était présent aux côtés de Stéphane Lerouge, spécialiste de musiques de films. Plus d’une heure et demie au cours de laquelle j’ai découvert la passion de Bertrand Blier pour la musique. Mélomane, mais sans se limiter à la musique classique, il est grand connaisseur en jazz et ouvert à tous les genres. Le mur complet d’un grand couloir de son appartement est destiné à recevoir tous ses CD et autres supports ; et lorsqu’il se rend à un montage, il vient y puiser des morceaux.
Parfois la musique est une évidence pour lui, comme dans Les Valseuses en 1974, c’était Grappelli pour le concerto pour clarinette de Mozart. Plus tard en 1989, c’était Schubert dans Trop belle pour toi, très précisément Les Impromptus pour piano œuvre jouée par Alfred Brendel. Malheureusement, lors du tournage du film, il n’a pas pu obtenir les droits et a dû en confier l’exécution à un autre pianiste.
J’ai aussi appris qu’après le succès du film Les Valseuses, le réalisateur est allé se ressourcer à la montagne et a consacré ses journées à faire des puzzles de 5 ou 7000 pièces en écoutant bien entendu de la musique, du Mozart entre autres. C’est dans un de ces moments qu’a pris corps une scène avec trois personnages qui écoutent et parlent de Mozart, cette ébauche deviendra en 1978 Préparez vos mouchoirs. Humour, simplicité des échanges entrecoupés d’extraits de films, anecdotes sur d’autres musiciens avec lesquels il a travaillé, (Delerue qui fut le premier, Gainsbourg…) sur les acteurs de ses films, bel hommage à Patrick Dewaere qui « devrait être là ». Gérard Depardieu était présent la veille, je ne l’ai pas rencontré, j’étais dans une autre partie de la ville, exactement au théâtre d’Angers où avait lieu une projection de courts métrages…
Justement parlons-en ! Pour moi, aller à une projection d’une sélection de courts métrages, c’est comme un cadeau. Quatre à cinq films (fiction en majorité, animation ou documentaire) d’environ 20 minutes se succèdent et c’est une surprise à chaque fois. Mais dans tous les cas, qu’ils plaisent ou non, il y a une force incroyable dans ces films, des thèmes forts comme la filiation, les repères, l’enfance, il y a du drame, de l’humour, du décalé… et on en ressort parfois un peu sonnés mais tellement heureux. Très souvent les réalisateurs sont là et présentent leur travail; des échanges ont lieu parfois en fin de projection. Un prix du public par catégorie est donné et à chaque séance de films en compétition, on fait ses choix.
Et puis pour terminer, autre moment de pur bonheur : Lecture de scénario. J’ai pu assister à deux séances distinctes. La première était la lecture d’un scénario de court métrage suivie de la projection du film, elle-même suivie d’un échange avec le réalisateur ainsi que de l’actrice qui a fait la lecture et quelques autres intervenants. Lors de la lecture, chaque spectateur imagine les scènes d’après ce qu’il entend, d’après le ton donné par la personne qui lit et qui n’a pas vu le film et puis vient le film. C’est vraiment passionnant comme expérience.
La seconde était une lecture de long métrage par deux acteurs et alors là, j’ai été subjuguée. J’avais déjà vécu un tel moment en 2011 avec la lecture par Ariane Ascaride d’un scénario d’un film de science-fiction. Cette fois, je ne connaissais pas les acteurs, je ne suis pas cinéphile. Le premier, principal interprète, était Nathan Willcocks qui travaille beaucoup pour le théâtre à Londres, Manchester, Oxford mais aussi pour le cinéma et la télévision. Le second, plus jeune, était Kévin Azaïs qui a joué son premier rôle dans La journée de la jupe suivi de quelques autres films dont le dernier est Les combattants. Deux heures suspendue aux lèvres de ces deux hommes, qui ont « joué » ce scénario avec leurs voix, avec l’expressivité de leur visage et de leurs mains. Compte tes blessures de Morgan Simon est en financement. J’aimerais un jour le voir sur la toile !
Je les aime ces artistes qui nous donnent des émotions, je les admire moi qui en tout et pour tout n’ai joué dans ma vie qu’un rôle mineur d’un des trois petits cochons dans Le loup est revenu, une pièce montée pour les enfants d’une école…
Voilà, c’était moi à Premiers Plans. Peut-être que vous aurez d’autres impressions de ce Festival par nos étudiants en cinéma qui écrivent régulièrement dans Carnet d’Art, ils vous en parleront dans d’autres termes, vous feront des analyses fines. Moi, je voulais tout simplement vous faire partager un peu de ces beaux moments. Il vous reste ce week-end pour en profiter !