Le sacre du printemps.
« Lumière et couleurs de printemps » (Frühlingslicht, Frülingsfarben), jusqu’au 14 avril 2017. Galerie Ruffieux-Bril, Chambéry.
Les paysages de Gudrun Petersdorff et les portraits de Britta Schulze proposent des façades et des flaques verticales de couleurs pour atteindre des lieux à la fois proches et lointains. Les aplats verts, rouges, jaunes (qui correspondent à la même gamme d’ondes et zones d’énergie visuelle) de la première se mettent en compétition heureuse pour éblouir la rétine. Chez la seconde le réel se mêle à la fantasmagorie dans une fête vivace afin de franchir la frontière de la réalité sans l’altérer mais pour modifier les manifestations pâles du visible en s’éloignant d’une simple psychologisation.
La perception des œuvres en écho reste un plaisir qui fascine. Les hybridations subtiles des couleurs cassent toutes frustrations : surgissent des phosphorescences mystérieuses, se redessine une architecture poétique nourrie de clarté et de fraîcheur non sans parfois une rigueur délicate dans les portraits. Les formats des œuvres n’y sont pas pour rien. Les deux artistes ont choisi avec élégance des formats moyens : ils correspondent à l’appétit du regard.
Plus grandes les toiles auraient pu agresser, eu égard à la force de leurs tonalités flamboyantes. Plus petites elles auraient perdu de leur alacrité ou de leur profondeur. Bref chaque toile zoome avec impertinence sur une nature triomphante ou des corps érigés pour le sacre du printemps. Les deux artistes proposent aussi la possibilité d’atteindre des environnements sensoriels inédits un rien criard mais juste ce qu’il faut afin que le paysage comme la « persona » prenne une valeur hypnotique.
Chaque pièce joue sur la perception sans emprunter le détour de la symbolisation. Les artistes offrent un réel revivifié. Et même si l’individu est absent des images de Gudrun Pertersdorff, il pourra y trouver une matrice dynamique et « avènementielle » pour un enchantement particulier à la fois loin et proche de ce que la peinture impressionniste, figurale ou tachiste a montré.
L’exposition des deux artistes allemandes se trouve en parfaite adéquation avec l’inauguration d’une galerie totalement remodelée et modernisée. Elle correspond désormais parfaitement avec l’esprit que Emmanuelle Bril et Jean Lou Ruffieux veulent lui insuffler. Une nouvelle étape commence.
Image à la Une © Œuvres de Britta Schulze.