Sans dessus dessous (chic).
Horst P Horst, « Photographer of style », jusqu’au 10 janvier 2016, Nederlands Fotomuseum, Rotterdam.
Horts P Horst a réussi l’exploit inégalé dans la photographie : créer les images les plus « calientes » selon une froideur absolue. Fidèle à De Stijl plus qu’à Cobra son esthétique porte le corps et les habits féminins à l’état d’épure : une jambe gainée non un objet de désir mais une figure marmoréenne. Le voyeur n’est plus capturé par l’objet photographié : il est ravi par l’image même. Car le désir est transgressé, il passe aux abonnés absents mais toujours Moderato Cantabile. Horst P Horst ne fait pas « de » l’érotisme il fait des photographies. Pour le voyeur c’est la débandade. Il peut donc commencer à voir mieux.
L’artiste reste le photographe le plus « classe » qui porte l’humour à un x-ième degré. Celui-ci lui permet de se moquer des voyeurs ces mal voyants. Ici tout se passe, rien ne peut se passer. Même Marilyn en tulle vaporeux fait barrage sur le Pacifique bien qu’il ne faille pas s’y fier. La photographie devient sonate et jamais songe creux. Elle est un Navire Night. Elle ne transporte plus de fantasmes à consommer. C’est parce que pour les modèles du photographe le bas ne blesse plus que pour le regardeur le bât blesse. L’éros devient abstrait, il est faussement charnel. Et c’est tant mieux.