Ceux qui se piquent la ruche.
Coffret de livres, « Tombeau pour un amour dans la lumière de sa perte » de Jacques Abeille et « Petites pages pour un petit page de Léo Barthe, suivi de « Libres masques » d’Arnaud Laimé aux Éditions L’Âne qui butine, 39€.
« N’ayant aucun talent je me contente de faire avec mon génie », dit non sans ironie Jacques Abeille. Mais il se peut qu’il ne se trompe pas. L’auteur ne cesse de faire surgir l’indicible et l’impossible en se dédoublant au besoin. Ce qui ne va pas sans risque mais permet d’assurer la pénétration des clôtures et des mondes.
L’auteur et son double (Léo Barthe) sont réunis dans ce coffret. L’imagination s’y épanche comme la synovie, dans le réel, et en transfusion salutaire et danses phrastiques qui ouvrent à des éclats de vie : si bien qu’à défaut de sylphide à nos côtés nous sommes prêts à danser un tango argent teint avec une chaise.
Jacques Abeille reste un écrivain des marges, il s’y trouve bien. Il crée ainsi en elles une légèreté où des barbares du sexe rencontrent les belles cavalières qui les réduisent à ce qu’ils sont : des animaux malades de leur preste action.
Surgissent avec rudesse et romantisme dérailleur des images de rêves incarnés ou de contes rendus pour solde de tout compte à des scènes d’amour qui sont ce qu’elles sont ; des affabulations, des romans organisés comme à la fois des cérémonies secrètes d’alcôves et de séance digne de L’amour est dans le pré.
Avec fantasmes de balcons et de baronnies gardien d’océans intérieurs dont il ne faut jamais dévoiler les gouffres, le secret, sous le joug bienfaiteur de l’humour, fait des protubérances architecturales ou non des corniches à cornichons et corps nichons. Dans le grésillement de viande sur la plaque brûlante du cuisinier belge, mères et filles offrent des labyrinthes. Ils égarent ceux qui s’y aventurent pour entrevoir des mondes aussi promis que perdus.
Image à la Une © Jacques Abeille.