Grimper aux arbres.
Jochen Raiss, « Frauen auf Bäumen / Women in Trees », Haje Cantz, Berlin, 2016, 112 pages, (15€ – 20CHF).
La banalité est insolite surtout lorsque sa prise est là pour chanter à la fois la femme et l’arbre en un jeu (inconscient) du double et du séparé, du naturel et du socialisé. Ces photos d’amateurs (découvertes et recueillies par Jochen Raiss sur les marchés aux puces pendant quelques vingt ans) prouvent que les prises, à leur corps défendant, ne sont pas désintéressées. Sans abuser d’une psychanalyse hasardeuse il est possible d’affirmer qu’existe là une métaphore érotique ascensionnelle. On sait d’ailleurs ce que cache l’expression « grimper aux arbres »…
Effaçant ce qui indispose la raison, les Tarzans photographes des années 50 ont donc fait de leurs amoureuses des Jane sagement recouvertes. Et ce avant que des artistes « mâlins » s’en emparent en les dénudant afin d’expliciter et d’exploiter (par forcément de manière forestière) certains fantasmes. Les pionniers « innocents » de la prise prouvèrent, sans jouer les théoriciens de l’image, que les amours ne brillent pas seulement dans les rêves mais dans les arbres.
