Kiki Smith

Les femmes et le cosmos.

EXPOSITION personnelle de Kiki Smith jusqu’au 09 février 2020 à la Monnaie de Paris.

Fille du sculpteur minimaliste Tony Smith et de la chanteuse lyrique Jane Lawrence, Kiki Smith (née à Nuremberg) fut très marquée par les premiers ravages de l’épidémie du sida. Depuis son œuvre témoigne de l’importance du corps. Elle s’attache directement ou à travers ceux des animaux à souligner la force et la dérision du vivant. Elle le résume ainsi : « Le corps est notre dénominateur commun et la scène de notre désir et de notre souffrance. Je veux exprimer par lui qui nous sommes, comment nous vivons et nous mourons ».

En dépit de la gravité inhérente à sa recherche Kiki Smith explore de manière ludique le monde humain et animal avec un humour et fraicheur. Ces qualités fluidifient une certaine brutalité et pimente l’innocence venues des légendes. Surgit un monde onirique à travers divers médiums mixés (dessin et gravure, photographie et collage, bronze et porcelaine) entre autoportraits et effigies mystérieuses.

Sky, 2011 [Ciel]. Tapisserie en coton jacquard, 302,3 x 194,3 cm. Photo Kerry Ryan McFate. © Kiki Smith, courtesy Magnolia Editions and Pace Gallery.

L’exposition à la Monnaie de Paris mélange entre autres grandes et petites sculptures de bronze et dessins d’oiseaux « passeurs d’âmes » comme tous les animaux dans l’œuvre de l’artiste. Ces oiseaux ressemblent à ceux qui hantaient la cour de sa maison de New York ou les bois de bouleaux de la campagne où elle réside désormais.

Le volatile lui permet d’évoquer une intimité errante. Toute l’œuvre rappelle ce qui unit et désunit le corps en refusant d’effacer ce que la vie sécrète et ce que la mort dissout. Il faut donc accepter la confrontation avec la proximité outrageuse des oiseaux et autres animaux.

Ils remplacent les crânes de ses anciennes « catching views ». D’où la question que ces présences osent ? Reste en tout état de cause une « Passion » au sens christique mais détournée du terme. Il se superpose au formidable cortège animal et humain au sein d’un sortilège à figure de cosmos. Kiki Smith rappelle à travers eux que nous sommes ses égarés provisoire au moment où à l’inverses des volatiles (qui disparaissent) ; notre foule est de plus en plus compacte.

Image à la Une © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery. Rapture, 2001, [Enchantement]. Bronze, 170,8 x 157,5 x 66 cm. Photo Richard Max-Tremblay.

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