Celui qui reste – enfin presque.
LIVRE « La Histoire du hommenfant » par Jacques Brou aux Éditions Tinbad.
Jacques Brou semble interdit, immobile face à cet enfant mal venu, hors de propos qui n’est autre que lui même. Les déplacements, les dégagements sémantiques et de genre dont ce dernier est le symbole représente à la fois une sorte de régression vers l’enfance et une caisse de résonance de la voix maternelle et paternelle que Brou finit par tarir.
Il faut que l’enfant se retire : son apparition dans les voies labyrinthiques du sans fin et du nulle part est trop incongrue et trop insupportable. Brou ne peut que se sentir emprisonné par cet autre-même qui constitue l’image la plus intense. Elle travaille sans parler, sans le fléchage des mots. Et le dernier secret de l’énigme réside peut-être dans « l’image » et le moment ultime du texte, dépouille d’image d’un avant insupportable.
Une telle empreinte androgyne trop proche du temps de la naissance et en conséquence de la malédiction semble comprendre la terreur qu’il suscite : il se retire de lui-même, se dissout dans son long éloignement. Il est déjà livré à la nuit, sans armes ni bagages. Tout compte fait, dans cette fin de non-recevoir, il reste un avatar des autres êtres qui errent dans leur nuit mentale, perdus dans leur temps d’éternité.
Il n’est plus une « nature-morte » et représente une forme de diégèse : quelque chose du dehors renvoie au dedans en une sorte d’appel muet sitôt ouvert, sitôt refermé. Ce qui dans l’étirement du temps reste sans doute négligeable. Cette interruption marque la dernière « avancée » avant que, suite à leur immobilisation, les corps ne finissent par se dissoudre dans le néant.
Image à la Une © Éditions Tinbad.