EXPOSITION « Kurt Mair, peinture et gravure & Agathe Larpent, céramique » jusqu’au 20 octobre 2018 à la Galerie Ruffieux-Bril, Chambéry.
Corps nus, sensualité de l’érotisme ou natures mortes sont autant de constantes dans l’œuvre de l’artiste qui puise ses sources dans la Renaissance italienne et chez les expressionnistes germaniques.
Comment définiriez-vous l’approche du corps dans votre art ?
Le corps est l’expression d’une intensité et d’une intimité qui varient suivant l’espace que je choisis pour en montrer l’intériorité ou le dessein. Il y a comme un vocabulaire du corps, un alphabet imaginaire qui me parle dans une expression qui peut être immédiate ou inconsciente.
Est-ce que l’on pourrait situer votre travail entre la « nature morte » et la « peinture érotique » ?
Je ne sais pas ce qu’est la « peinture érotique ». En général, lorsqu’elle est annoncée je peux voir en elle le ridicule qui concurrence la médiocrité. Mon travail s’inscrit dans un mouvement des corps et de la nature qui ne se réduit pas à la sexualité. Il en est une dimension mais les temporalités, les réalités, les juxtapositions différentes me conduisent plutôt à une présence aussi complète que possible de l’être.
Ensuite, il faut revenir à la notion de « nature morte », en allemand « Stilleben » veut littéralement dire « vie silencieuse » ce qui est plus précis, à mon sens, que la forme française. Et puis, il y a une identité dans le nu qui n’est pas une exhibition, mais une reconnaissance car mes nus ne sont jamais entièrement disponibles ; ils interrogent.
Quelles expressions, quelle sorte de volupté, de charme ou autres affects voulez-vous créer à travers votre démarche artistique ?
On ne peut pas créer la volupté. Lorsqu’elle existe, on peut la partager ou pas, la percevoir ou pas. Mon travail n’est pas guidé par un but psychologique. Je peins ce qui me vient à l’esprit, à l’instant de la réalisation. D’ailleurs, le mot « créer » me paraît très complexe à utiliser et nécessiterait beaucoup d’explications. La position des personnages impose l’espace pictural. Un grand nombre de mes œuvres, peintures ou gravures, présentent notamment les portraits, les visages et leurs expressions.
De quelle manière construisez-vous un tableau ?
Ma peinture se réalise sans idée préconçue, je suis libre d’avancer à ma mesure. Je découvre en faisant. La technique doit à la fois être oubliée mais aussi présente au profit de l’œuvre. Je suis un peintre totalement impliqué dans son travail. Cela me conduit vers des modes d’expression différents à l’intérieur de mon propre style qui évolue en permanence.
Comment vous situez-vous dans le milieu de l’art contemporain ?
Tout d’abord, j’essaie de me situer dans le monde dont je suis le contemporain. Je ne me préoccupe pas des courants, des tendances et des modes. Je suis résolument un peintre contemporain, qui connait assez l’histoire de la peinture et l’histoire de l’art, reconnaissant mes sources et mes maîtres comme Le Caravage, Rembrandt, Fernand Khnopff ou encore Egon Schiele.
Je suis tourné vers aujourd’hui. Je ne pense pas être un peintre classique. Nous en reparlerons dans deux cents ans. Il y a de l’humour, parfois de l’ironie dans mon travail. Si l’art « impossible » est la vie, il y a longtemps que je travaille à la proposition d’un regard sur l’inachevé, avec une énergie, un doute, une conscience.
Image à la Une © Kurt Mair, La joie est un savoir, gravure. Eau-forte, Aquatinte tirée à trois plaques sur BFK Rives, 50 cm x 65 cm (image 30 cm x 30 cm), 2016.