Du suranné à l’intemporel.
EXPOSITION « Les femmes en francophonie par le Studio Harcourt » jusqu’au 08 mai 2018 au Guangzhou Museum of Contemporary Art, Chine.
La maison Harcourt est le seul studio photographique « classique » encore actif au monde. Il fut créé en 1934 par une photographe laborantine Cosette Harcourt à une époque où des maisons aussi renommées que le Nadar mettaient la clé sur la porte. Mais Cosette Harcourt eut une idée de génie : « shooter » les vedettes : grâce à leur popularité elles permettaient de faire vendre ses clichés tout en promouvant entre autres l’image des femmes francophones.
Il fallait toutefois une « patte » pour inventer un langage particulier qui est devenu un mythe photographique. Colette Harcourt reprit au chef-opérateur de Cocteau sur La Belle et la Bête son clair-obscur qui servait la dimension dramatique du film et créa une image à la fois nette et floue qui devint la marque de fabrique du studio. Ses photos argentiques firent dire à Barthes : « En France on n’est pas acteur si l’on n’a pas été photographié par les Studios d’Harcourt. L’acteur d’Harcourt est un dieu ; il ne fait jamais rien : il est saisi au repos. »
Ce « style » reste un must et le studio demeure un passage presque obligé pour asseoir une notoriété. Après l’exposition à Paris Où sont les femmes ? qui rendait hommage aux femmes ayant marqué leur temps, le Studio Harcourt est donc présenté en Chine selon la même perspective. Il prouve la vitalité d’un langage qui non seulement traverse les époques mais qui à l’époque du selfie vient tordre le coup au laisser aller au profit de la pose.
Image à la Une © Studio Harcourt, 2017, Leïla Slimani, écrivaine née au Maroc, Prix Goncourt 2016, représentante de la francophonie en Chine.