Lucy Watts, « Exposition », Bibliothèque du 3ème, Lyon, exposition jusqu’au 27 février 2016.
Reprenant la tradition nonsensique du dessin britannique la chambérienne Lucy Watts électrifie le monde en ce qui est bien plus que de simples caricatures. Il y a des poissons sans mère, des mers sans poissons, des filles maigres comme des clous et des politiciens marteaux. Les chauves n’y aiment pas les cantatrices et des poux détestent les chauves. Des cyclopes louchent sur le décolleté de femmes. Indifférentes elles rasent avec la bouche des barbes à papa. La jeune artiste prouve que tout type d’amour même celui du pouvoir et de l’argent ne rend pas la transe lucide.
Les dessins cultivent des énigmes, s’envolent au vent et font que leur humour crée peut-être la perspective d’un espoir insensé. Au moment où tant d’artistes soignent de leurs pompes le crépuscule pour féconder la nuit en jouant de clairs-obscurs qui rend le monde dubitatif, l’artiste sort de la nuit des circonstances. Ses dessins images tirent sur les mots qui mentent. Eros n’y est pas le Dieu qu’on croit, il est semblable à ses épigones. L’œuvre en ses stratégies plastiques propose un bouillon de culture. Lucy Watts devient la jeune mariée de Duchamp; elle appelle à la réjouissance. L’homme en ses prestations politiques n’y est qu’un porc épique. Preuve que le dessin ne manque pas piquant.