Éloge de l’ombre et déplacements des fantômes.
Lydie Calloud, « Matrice en opposition », à la Galerie Jacques Levy, Paris, du 26 avril au 28 mai.
Lydie Calloud & Maria Landgraf, « Subimago », à la Cité des Arts, Chambéry, du 10 mai au 04 juillet 2016.
Par différents effets de « fontes » subtiles Lydie Calloud recrée le monde à travers divers d’étranges pigmentations. L’artiste parvient au moyen de l’usage du dessin au stylo à bille et de l’encre de Chine à créer des consistances diaphanes. Elles permettent de passer du visible à l’invisible, du macrocosme au microcosme : « L’imagination nous amène à la voir baigner dans un mystère mercuriel. Le jeu graphique se veut binaire, usant de nuances entre les noirs et les blancs » précise la créatrice. Néanmoins, surgit une chorégraphie où sous la caresse et les dégradés du noir semblent surgir paradoxalement des effets de couleurs.
La notion d’obscure clarté prend tout son sens. Sous la pression de la bille du stylo et celle de la main apparaît en quelque sorte l’image de l’image. Le frôlement de « l’outil » sur le papier crée un épiderme, un tissage, un lissé. Chaque point de « couture » par répétition d’un geste « automatique, hypnotique » permet les plus discrètes des convulsions et décrochages plastiques. Un système d’abstraction du monde crée des espaces offusqués où s’enchaînement des relations et enchaînements inédits. Ils ouvrent l’image, à partir du plus simple, vers des spéculations d’ordre métaphysiques. Apparaissent une suite de minuscules paysages dans chaque dessin : ils font bouger les lignes du visible par les points qui le constituent dans un nouveau type de sfumato capable de suggérer l’ombre, sa hantise, sa diaphanéité. Et surtout sa lumière.