Hommage aux pensées inutiles.
Madeleine Jaccard, « Ode an die Flause », au 9a de Berne en avril 2016 et « Installation », au Café Hasard de Bienne, d’avril à juin 2016.
Il faut se méfier des « inutilités » de Madeleine Jaccard. Au moyen de divers mediums. L’artiste règne en maîtresse sur le domaine des ombres et des contours : des présences secrètes ne s’y révèlent par les clartés furtives. Elles s’accrochent à la saillie ou à la nervure des incisions qui prennent les lueurs d’étain d’une aube : se relâchent les mailles de la vigilance, surgissent des fantômes aussi durables que réels. Dans les dessins et les installations l’espace se métamorphose par la chorégraphie des formes. L’image plan se dilue dans l’espace ou plutôt l’envahit. Chaque dispositif crée sa propre trouvaille.
Fascinée par la biologie Madeleine Jaccard non seulement observe algues ou protozoaires mais s’intéresse aux motifs textiles, aux empilements d’objets et de formes. L’entassement engendre de nouvelles figurations où l’objet premier n’est plus reconnaissable. « Parfois on répète le motif tellement de fois que l’on ne sait plus quel était l’objet de départ. A force de le redessiner, l’original s’en va. Reste la forme en soi qui dit plus, qui dit autre chose » précise l’artiste. Entre le virtuel et le réel, l’impalpable et l’épaisseur, le microcosme et le macrocosme Madeleine Jaccard crée une ouverture mentale. De l’abîme au céleste un ordre poétique s’impose : celui de l’ellipse à plusieurs foyers. La maîtresse de cérémonie est une enchanteresse. Elle engendre de fabuleux jeux. Ils n’ont rien de gratuit ou de décoratif. Et ne sont en rien inutiles.