Portrait du photographe en griot.
Avec une merveilleuse souplesse Seb Janiak exploite toute sorte d’évènements microcosmiques afin de provoquer moins des dépaysements que des méditations et pour troubler le regard et la cervelle. Face aux fomenteurs de désespoir l’artiste provoque des moments de grâce. Dans sa quête incessante de l’invisible existe en lui quelque chose de tibétain même si on ne l’imagine pas vêtu d’une robe rouge restant des heures immobiles en position de lotus avant de boire un thé salé au beurre de yack rance.
L’empirisme du photographe est à toute épreuve. Il s’en tient à ses techniques, ses connaissances, sa folie et sa sagesse. Il postule sur l’impensable avec un seul et grand espoir : que tout soit encore possible pour l’être et l’univers. De chaque « molécule» ou nuage Janiak invente la clé. Ses soucis, ses cafards l’artiste les cache : il n’a rien à faire de l’expressionnisme du « moi » et marche dans le flux du monde mais ne se contente pas de vaquer et au milieu des choses.
Entre macrocosme et microcosme, la sentence latine « des herbes, le Verbe et les Pierres » convient à celui lui qui est parvenu à « totémiser » des éléments premiers : ils ressemblent à la pierre manquante chamanique, à la fameuse météorite de Th. Monod. Face à l’invisible l’artiste ne spécule pas uniquement sur l’imaginaire. Il est pionnier de l’image numérique et de la postproduction sans pour autant renier l’argentique lorsqu’il ne s’agit pas de tricher. Chacune de ses séries devient une enquête filée. L’énigme des mondes rayonne d’une lumière inconnue. Et là où les mots finissent par se taire, jaillit ce qui reste à dire ou plutôt à montrer.
Toutes les Œuvres de Seb Janiak sur son site Web.
Photographie à la Une : The Kingdom moment of choices © Seb Janiak.