Mordre l’essentiel

Les cor(p)s conducteurs.

LIVRE DE POÉSIE « Mordre l’essentiel » par Christophe Esnault aux Éditions Tindbad, 334 pages, 26€.

Faute de pouvoir caresser le pathos – ses parents ayant eu la mauvaise idée de ne pas se taper dessus à coup de pioches – Christophe Esnault est toujours d’excellente humeur. Et ce, qu’il travaille dans l’inutile comme dans le conséquent – la différence entre les deux n’étant pas toujours claire dans un tel livre. Face aux écrivains qui croupissent sur des côtes d’eau pâle dont leurs mots deviennent des algues nauséeuses, l’écrivain fait un sort à la littérature et aux intellectuels (les psychanalystes entre autres mais à l’exception d’Irvin D. Yalom).

Son livre se veut la synthèse de ses vaticinations farcesques complétées de dérives du même tabac et c’est un véritable régal. L’auteur écrit bien et pense mal. Histoire de faire un sort à toutes les cérémonies d’usage (concert de Clémentine Célarié compris). Qu’importe alors si l’amour n’est pas soluble dans le café. L’auteur a d’autres grains à moudre. Sachant que « nier le rien ne sert à rien », au lieu de s’effriter, il donne la frite à qui aime grasseyer dans le rire plutôt que d’errer dans les « accalmies du mélancolique ».

Le Kit Carson de l’intempérance offre un kit de survie à l’intention de tous ceux contemplent l’inutile plutôt que vaquer dans l’ennui neuf fois après que leur père ait mis sa semence en un exercice de prévarication notoire. Bref ce livre est à lire en urgence psychiatrique pour celles et ceux qui aux ruminations obsessionnelles préfèrent rôder dans l’interdit. Un tel ouvrage dadaïste à souhait l’ouvre sans risque de saturation en dépit de ses 336 pages. Étant parvenu à leur point final la lectrice ou le lecteur n’a qu’une envie : les reprendre depuis le début car sous la farce se cachent bien des leçons d’inconduites.

Image à la Une © Éditions Tinbad.

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