L’écho se fait de plus en plus proche, de plus en plus distinctement. Et le scintillement du lac, d’un bleu sans précédent, et la chaleur qui se répand, dilate les mirages sous des yeux qui s’agitent, oreilles qui palpitent, à l’approche d’un évènement que chacun pressent. Autant d’indices qui sont là pour nous rappeler, pour nous conditionner au déroulement des prochaines festivités. Dans la cuvette aixoise, aux abords des flots translucides et des montagnes verdoyantes, quelque chose se prépare. Un orage a éclaté hier soir, chargeant l’air d’électricité. Atmosphère pesante, antichambre de l’attente, dans quatre jours, le festival Musilac commence.
La rumeur est sur toutes les bouches. Une fièvre qui enfle de jour en jour, chauffant la bile des milliers de festivaliers qui vont prochainement se rassembler sur l’esplanade du Lac, pour la douzième édition de l’évènement musical de la région. Ce n’est pas qu’un simple rendez-vous, c’est un top-départ, après cela, l’été aura véritablement commencé. Attente de résultats, week-end prolongé, congés payés, chômage à plus ou moins longue durée, les choses sérieuses ne commencent qu’à partir de ce moment où, harassés par la fatigue pour certains, par l’ivresse pour tous les autres, les âmes se libèrent, les langues se délient et les gorges se déploient, s’inondent et se noient au rythme des concerts, entre cris et fracas.
Musilac, après plus de dix années d’existence, plante de nouveau sa tente sur les rives du lac du Bourget. Avec des artistes mondialement connus, (Paul Kalkbrenner, pour ne citer que le plus aimé des germains électriques) un éclectisme plus ou moins assumé, (rappelons néanmoins ce jour sombre de l’histoire du festival où l’on pouvait voir, à cent mètre d’intervalles, l’abrasif Renaud donner la réplique à… Diam’s), des légendes vivantes (Carlos Santana, tout simplement) et des habitués très (peu) attendus (M. et sa doublure Vanessa Paradis), ce festival est parvenu à se distinguer au sein de la pléthore de manifestations musicales qui secouent chaque été les reins et les mains de milliers de personnes en France. Assez atypique de part son cadre privilégié (un festival c’est bien, avec un lac c’est mieux), couvrant les scènes rock, pop et électro, l’affluence ne cesse d’augmenter d’année en année et devrait accueillir près de quatre-vingt milles personnes pour cette nouvelle édition.
Qui dit festival, dit artistes à la pelle, concerts qui s’enchaînent sans interruption, riffs et solos propulsés par des basses tonitruantes, tout cela dans une ambiance résolument euphorique et nébuleuse – la junk music est bonne pour la santé. Mais, ne nous mentons pas, personne ne connait les trois-quarts de la programmation. À chacun donc sa petite astuce pour essayer de suivre ce flot incessant sans passer pour le dernier des ignares. Pour les plus consciencieux, ces intrépides avant-gardistes, la technique est bien rodée, efficace mais néanmoins fastidieuse : écouter la discographie complète de chaque artiste dès l’annonce de la plus embryonnaire des programmations. Ce sont ces même personnes que l’on retrouve en train de crier des paroles incompréhensibles au milieu de la foule, couvrant nos hoquets timides de néophytes. Mieux vaut donc les éviter, avant qu’ils ne nous poussent dans nos derniers retranchements tant leur connaissance mélomane font passer nos injonctions et nos reprises de couplets pour des cris de chatons non sevrés. Ceux-là, non, nous ne les aimons pas. Fuyant la foule des fans et des imperturbables « opineurs » de chef, d’autres rejoignent la meute, en tout point majoritaire, des chœurs aphones. Cette forêt de lèvres qui remuent dans le vague sans prononcer un mot, produisant au mieux quelques bulles dans leurs bières tièdes. Bannière muette sous laquelle chacun se rallie à un moment ou un autre, surtout si la chanson est écrite dans une langue aussi barbare et exotique que l’anglais. Tout festival d’envergure, visité par ces stars au cachet trop important pour être officiellement relayé – mais qui explique malheureusement le prix exorbitant des places – traîne avec lui sont lots de groupies. Que dire de plus marquant que ne le fait déjà la clameur assourdissante de leurs cris à chaque fois que leur idole pose un accord, ou boit simplement un verre (d’eau ?). Passons ce larsen humain pour éclairer d’une douce et chaleureuse lumière ces êtres aux comportements étranges, peu enclins aux élévations lyriques, et qui se révèlent à nous dans leur plus admirable et titubante démarche à chaque fois que nous essayons d’accéder au bar. La foule des soiffards, ces imbibés des premières heures, ces chers compagnons d’infortune ayant abandonné depuis longtemps déjà, l’idée de comprendre ou de reconnaître l’artiste jouant sur scène. Les fêtards appréhendent le festival de manière sensorielle, ils bruissent aux rythmes des accords, secouent leurs carcasses aux bords de l’épuisement et nous donnent le spectacle d’être vaporeux, fait de bruit et de fureur. Ils ne chantent pas, ne dansent pas, mais sans eux, un festival ne serait qu’une énième salle de conservatoire.
Ce bref tour d’horizon n’est là qu’à titre informel, afin d’appréhender sans surprise la faune festivalière à laquelle vos peaux – manteaux flasques et blanchâtres pas encore habitués au nocif et tant recherché rayonnement ultra-violet – vont bientôt se frotter. Il est clair que ce genre d’aventure nécessite un temps de préparation adéquate. C’est pourquoi nous vous proposerons chaque jour un petit briefing sur les artistes qui vont bientôt enflammer la scène lacustre de Musilac. Les titres à ne pas manquer, les informations à connaître, les anecdotes inutiles, entre coups de cœur et désillusions, quelques conseils, absolument arbitraires, afin d’entamer sous les meilleurs hospices la dernière ligne droite vers le festival.
julie
Article pitoyable au style à vomir. Préférer largement la chronique sur le Festival d’Avignon qui est d’évidence plagiée içi (en 31258666 fois moins bien que l’original).