Najean s’est pris pour Gepetto ! Non, il ne fait pas Pinocchio. Leur visage ressemble aux mannequins que nous utilisons pour apprendre à dessiner car ils n’ont ni œil, ni bouche. Et pourquoi pas à un mannequin tout simplement que nous trouvons dans les grandes surfaces ? Impossible !
La forme du corps de ces personnages est beaucoup trop enfantine, ce sont encore des jeunes filles. Le caractère sexuel des mannequins blancs que nous trouvons avec leur pose sexy (prêtes à être photographiées) n’a aucun lien avec le travail de cet artiste.
L’âge de l’innocence. Elles n’ont qu’un pas à faire pour entrer dans un monde qu’elles connaissent à peine. Non, tout n’est pas rose, non il n’y a pas de Bisounours. Serait‐ce des jeunes femmes qui veulent faire comme les grandes ? Mais sans toutes les responsabilités qui vont avec. Le passage entre l’adolescence et l’adulte. Mentez pour voir si votre nez va s’allonger ?
La volonté de ne mettre aucun trait de caractère sur ses personnages permet à nous spectateur, de s’identifier. Ne pas savoir si elles sont tristes ou heureuses nous laisse imaginer leur caractère et leur émotion. Serait‐ce nous ? Notre propre reflet dans un miroir en bois ? En effet, et si j’avais cette longue robe rouge ? Je ressemblerai à cela quand je sortirai du travail ? Et si c’était une « Martine » du XXIème siècle. Elle devrait avoir grandi depuis sa première parution en 1954. Alors, où va Martine aujourd’hui ? Au travail, à la plage, dans son lit car le monde l’épuise à cause de toutes ces mésaventures passées ?
Nulle part. Les personnages de Najean sont passifs. Aucun mouvement. Dos droit, longues jambes comme les poupées. Elles pourraient presque nous fixer si elles en étaient capables. Ça deviendrait presque inquiétant. C’est comme si le temps s’était arrêté. Font-elles une pause ? Observeraient-elles le monde qui les emprisonne ? Réfléchissent-elles à ce qu’elles ont fait ou ne pas fait ? Car le temps nous échappe, le temps court et nous nous essoufflons. Comme dirait Bergson « Le temps est ce qui se fait, et même ce qui fait que tout se fait ». Car le temps répare tout, le temps peut leur créer un nez, une bouche et même des yeux. Ce qui permettra au spectateur d’arrêter de leur créer une identité. Avons-nous réellement besoin des autres pour savoir qui nous sommes ? Nous sommes seuls maîtres de notre destinée ? Il ne suffit que d’un seul pas pour avancer.
Adam
J’aime bien la description de chaque image.