Impossible dialogue.
LIVRE « Ne m’appelle pas Capitaine » par Lyonel Trouillot aux Éditions Actes Sud.
Aude est une « Blanchette ». Issue d’une famille aisée de Port-au-Prince, elle ne connait de son île que les dîners mondains fréquentés par de jeunes gens riches à la peau pâle. Une année de cours par correspondance dans une école de journalisme lui servira de prétexte pour partir en quête dans sa ville. Une quête de vérité, de mémoire et de liberté.
Son terrain d’exploration : le Morne Dédé, quartier en déshérence au passé sulfureux et révolutionnaire. Dans ces ruelles malfamées et peu accueillantes, la jeune bourgeoise va croiser la route de personnages singuliers. Parmi eux, l’acariâtre Capitaine, professeur d’arts martiaux à l’agonie, au charisme grinçant et au charme chantant.
La parole semble impossible lorsque la jeunette rencontre le vieillard. Et pourtant au gré des rencontres, les souvenirs émergent et s’animent, les voix s’élèvent et foisonnent. Et les récits, devenus tumultes et grondements, déchirent enfin le silence de l’oppression.
Si la langue de Trouillot s’est apaisée avec le temps, elle reste fluide et fantasque. Elle nous entraine dans le marasme de ces allées délaissées, dans le tourment d’une île aux mille inégalités et nous interroge en filigrane sur la notion de libre-arbitre. Au-delà du dialogue, les mots se font flots et tissent l’image d’une Haïti cruelle et onirique qui reste longtemps, bien longtemps, en mémoire.
Image à la Une © Éditions Actes Sud.