Scena Madre

Des fragments décousus.

La chorégraphe italienne Ambra Senatore, Directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes, propose à travers Scena Madre une succession de tableaux fragmentaires dont on peine à trouver le sens au premier abord mais qui se révèle être une pièce à reconstituer durant le temps de la représentation.

L’espace, un plateau blanc entouré de rideaux noirs, est progressivement investi par les interprètes qui tout d’abord en solo, puis en duo ou en groupe, effectuent différents mouvements. L’un s’agenouille, l’autre se jette au sol, un autre encore traverse nonchalamment en regardant le public ; et parfois l’on entend des cloches qui sonnent au loin, des chants d’oiseaux, un aboiement. Des brides de phrases sont lancées ça et là : « Viens », « Vous esquivez mes questions », « Et tu dors la tête au Nord », etc.

Scena Madre © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.

Ce premier tableau est à prendre comme une matrice, une « scène mère » dans la traduction littérale, une scène où sont posés les fragments d’une histoire énigmatique que le public est invité à reconstituer. En effet, petit à petit les choses se précisent, une sorte de scénario se profile. La partition mise en place par les interprètes évolue posant, à chaque changement dans les lumières (clé de lecture entre la succession des tableaux), de nouveaux jalons dont le spectateur doit se saisir.

D’autre part, il existe des scènes non dénuées d’humour à travers desquelles on arrive à se projeter dans un imaginaire. Par exemple, ce temps où l’on semble plongé dans un western avec deux interprètes faisant office de portes de saloon ou cet autre temps où l’on arrive à projeter mentalement sur le décor mis en place un mur de patates (mur dont il est question dans le dialogue des interprètes).

Le travail chorégraphique proposé est donc de qualité mais il manque un petit quelque chose pour atteindre le propos du spectacle qui serait axé sur le partage et la diversité de chacun.

Photographie à la Une © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.

Kristina D'Agostin

Rédactrice en chef de Carnet d'Art • Journaliste culturelle • Pour m'écrire : contact@carnetdart.com

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