Solitude

Ou l’art de l’histoire.

Bien plus qu’un témoignage historique, Fanny Carenco nous livre une lecture contemporaine nécessaire du roman d’André Schwartz-Bart plongée dans une esthétique bricolée simplement qui se suffit à elle-même.

Sombre page de notre histoire coloniale que celle de l’esclavagisme dans les Antilles de l’après révolution française, les trois comédiens portent ici un récit qui ne peut que nous renvoyer à nous-mêmes et aux combats que nous pourrions avoir à mener aujourd’hui.

Nous pouvons trouver dans ce spectacle une belle utilisation de la vidéo élaborée par Thibault Lamy qui, en plus de souligner la rageuse injustice du propos, nous offre un feu d’artifice de couleurs visuelles et sonores. Cette opposition intéressante entre la joie de la conscience de la valeur de la vie d’un être humain et l’atroce broyage de lois de sociétés n’en est que plus intéressante.

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L’honnête simplicité des comédiens nous laisse glisser vers l’embarque de cette période historique sans doute un peu floue pour beaucoup. L’arrivée des blancs de métropoles à Pointe-à-Pitre pour engager le mouvement de la révolution française jusque dans les îles francophones les plus lointaines, l’abolition de l’esclavage dans l’empire français dans le seul but d’insuffler une dynamique similaire dans l’empire britannique afin d’affaiblir la couronne d’Angleterre, le rétablissement de l’esclavage par Napoléon ensuite… Nous oscillons, plongés dans le récit de Schwartz-Bart, entre révolution et révolte, entre histoires personnelles englouties dans la grande Histoire, quelle qu’en soit la couleur, de notre pays. Fidélité de l’adaptation du roman initial, univers scénographique, visuel et sonore simple mais efficace, cette mise en lumière ne peut qu’être bénéfique pour notre époque contemporaine.

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