Sortir

Exister disparaître.

Recueil de poésie « Sortir » par Benoît Conort aux Éditions Champ Vallon, 112 pages, 13.50€.

On peut bien sur faire de ce livre une lecture «  philosophique », on peut tout autant retenir l’histoire qu’elle raconte… C’est elle qui rend ces textes non facultatifs et poussent leur forme à un devenir insécable de ce qu’ils évoquent. Conort y rappelle qu’à l’annonce de l’aurore de la vie il existe déjà un sentiment aride de l’existence. Sortir, « c’était sans transition l’escalier une cour ses pavés disjoints/ Si peu d’herbes/ On était dehors ». D’où le sentiment éperdu de l’enfant chargé de honte dans le rouge de ses vêtements avant de retourner dans l’ombre du dedans.

Conort en créant une sorte d’aporie dit l’écart qui l’a de toujours séparé du monde. Pour preuve le « je » se déplace vers le « on », si bien que sortir reste une manière de demeurer en soi et anonyme. Au sein de promenades en solitaire l’enfant qui fut loustic et moucheron n’en dira pas plus. Nous sommes donc invités à une sortie qui ne se fait pas forcément dans la splendeur du jour. La poésie est fantômale, implicite : c’est ce qui la rend fascinante quoiqu’en rien épiphanique. Elle rappelle une douleur sourde. Le corpus constitué n’est pas forcément jubilatoire mais expropriateur : l’homme qui croit s’emparer de tous les trésors ne récolte au bout du compte que des ruines.

Image à la Une © Éditions Champ Vallon.

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