Véronique Bourgoin

Fondements et fondations.

« Autoportrait pour tous », collection Erotica.
Chez Higgins, Montreuil, 2016.

Il faut se méfier des titres – surtout pour les épidermiques de la morale. « Autoportrait pour tous » ne se contentent pas de montrer le corps nu. Il devient un corpus de l’artiste. Jaillit de l’extraordinaire sur la grande nacre du ventre et partout ailleurs. L’artiste prouve qu’il existe toujours de belles surprises dans une belle personne. C’est à la fois féroce et poétique. Une mise en scène volontairement dégingandée chevauche l’artiste jusqu’à la caviarder. Qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas au rendez-vous. Mais en jouant au besoin les Madame Edwarda de Bataille au bordel, Véronique Bourgoin s’amuse et se moque de la photographie érotique classique.

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Veronique Bourgoin – Madame Shurken Stuck on the road.

Celle à qui on voulut retirer la langue l’exhibe et brouille les cartes qui donnent de l’atout platement salace. La photographie devient une surface où des bulles crèvent et donnent un air de fête où le corps se raconte en un certain éclectisme. Pas question de donner au voyeur de quoi se sentir à l’aise mais bien de se moquer de lui. Hôte de ses propres bois et en rien oie blanche la photographe joue autant de l’exhibition que de la drôlerie. Sur le corps de l’artiste glissent des tortues de « mère », des pleurotes et vipères ou des animaux plus familiers. Fantômette est bien vivante : se respirent en elle des notions de péché et d’indécence mais tout est bon dans ce jambon et dans sa charcutière. Elles rachètent les péchés de ceux – anges ou démons – qui, frénétiques, cherchent dans l’image de quoi se satisfaire.

Photographie à la Une © Véronique Bourgoin.

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