Densité improbable de la pensée.
Comment a-t-on pu penser qu’à force de penser, la pensée parviendrait à autre chose qu’elle-même ? écrit Virginie Boutin. Elle a tout compris sans doute parce qu’elle est poète et non seulement philosophe. Mais elle ne s’arrête pas en si bon chemin. La pensée prend ici un nouveau chemin. Elle s’image afin que des formes viennent à bout de l’abstraction. Tout reste néanmoins en état ambigu brumeux comme venant du plus improbable feux de forêt de l’esprit.
L’image donne à ce trafic un passage, une épiphanie. L’idée n’est plus tuée en elle même car la création, bien plus que métaphorique, la transperce pour créer son commerce ou l’usage de la vie. Chaque image semble sortir de la nuit d’un puits profond : au sommet ce n’est plus une bouche qui barbotte des mots en bulles inutiles pour tenter de retenir l’idée. L’image en devient la mélodie, l’appendice. Et l’artiste au passage souligne que la pensée s’attache souvent au sexe et à sa « hauteur » Ici le chaos fige la pensée dans l’oxymore. L’illusion est réelle. L’imprévisible prévient le visible. Existe un fil entre folie et sagesse, ombre et lumière, dans la vibration d’une corde ou d’une île volcanique vue d’avion. Elle atteint l’eau souterraine qui l’alimente en mettant en scène la réflexivité et la théâtralisant. Bref l’artiste transmute les représentations afin de créer « des concepts sensibles ».
Image à la Une © Virginie Boutin, Extrait de réalité, 2016.