Agnès Giard

Désidération.

Agnès Giard, « Un désir d’humain, les love doll au Japon » aux Éditions Les Belles Lettres, Prix Sade 2016.

Agnès Giard est une spécialiste de la culture japonaise dont elle explore les faces cachées. Pour son cinquième ouvrage sur le monde des imaginaires nippons elle s’intéresse à l’industrie florissant des love doll. Il s’agit de poupées haut de gamme à l’échelle 0 qui sont sensées devenir les partenaires de ceux qui les achètent. Ces poupées se caractérisent par leur regard absent et leur physique « incomplet ». Les marques qui les commercialisent les présentent comme des « filles à marier » plutôt que des objets sexuels dans une belle torsion d’hypocrisie.

Une telle esthétique figurale sophistiquée et kitsch permet d’obtenir ce dont Marguerite Duras avait rêvé : « l’image où l’Autrefois rencontre le Maintenant, en une fulguration, pour former une constellation neuve ». Mais qui ne sera vécu que par procuration. Il y a par la présence d’une « idéalisation » via le leurre la possibilité d’un vide à combler. Il renvoie néanmoins sur une patente misère sexuelle et à la solitude au moment où le client vit au dépend de celles qu’il contemple et chérit de ses vœux. Le pré-visible reste ersatz et d’une certaine manière une incongruité.

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