Annabel Aoun Blanco

Disparition de l’Imago.

Annabel Aoun Blanco, « Desvoilés » à la Galerie Elizabeth Couturier du 10 septembre au 09 octobre 2016.

Annabel Aoun Blanco va au bout du monde où croupit une larve d’un genre particulier et obstinée que cernent les effacements successifs dont l’artiste multiplie l’écho subtil et minimal. Cette disparition de l’image permet de montrer en négatif ce qui ne peut se voir, d’exprimer l’inexprimable.

La créatrice suggère l’expérience de la perte que, Beckett dans son interview au New-York Times du 6 Mai 1956 précisait : « À la fin de mon œuvre il n’y a rien que poussière (….) Pas de Je (…) je recherche du non être par suppression de toute perception étrangère ». Chez la plasticienne ce désert devient néanmoins le lieu de la vision et de la révélation postmoderniste. Elle évoque la stérilité, l’éloignement, l’existence hors du temps, mais aussi le lointain espace intérieur qu’aucun télescope ne peut atteindre où l’homme est seul dans un monde de mystère et de solitude essentielle.

« Desvoilés » reste néanmoins une œuvre d’avènement et non d’achèvement : un avènement d’une négation qui d’une certaine manière se nie elle même. Quelque chose se dit et se voit : un fond obscur de l’existence. L’art le met à nu et prouve que la plasticienne est créatrice de monde au moment où il semble être nié. La représentation se déchire dans la jouissance du presque invisible. Le portrait n’a plus l’obligation de tenir des poses : celles-ci s’affaissent, se diluent, se dissipent selon une l’éloquence d’un langage capable de forer toujours plus profondément la personne avant dissipation totale dans le grand royaume formel du non rigide.

Image à la Une © Annabel Aoun Blanco – Galerie Elizabeth Couturier.

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