Chloé Poizat

Chaosmose.

Beau-livre, « Faim Feu Sang » par Chloé Poizat aux Éditions Solo ma non troppo, Collection carnets visuels, 136 pages, 25€.

Dans « Faim Feu Sang » et à l’ombre du passage d’un poème de Tzara, Chloé Poizat rassemble une centaine de dessins (2008-2017) tirés de ses carnets, de diverses études pour projets ou séries. Dans un esprit dadaïste et en toute liberté et fantaisie l’artiste cultive là ce qui nourrit ses expériences plastiques : disparition, métamorphose et illusion, art brut, dessin spirite et automatique attirance vers la matière comme pour le cosmos et le monde de l’obscur. Celle qui défend « les poules et les poulettes », pratique toujours un humour décalé en explorant une certaine solitude et l’absurde là où tout devient bizarre en un monde labyrinthique, entre cruauté et rêverie. L’intégrité corporelle est bafouée au profit de spectres.

L’œuvre n’appartient ni au jour ni à la nuit mais entre-deux mondes. Elle est mue par des forces invisibles, irrésistibles, qui l’habitent et qui exhortent moins à la violente jouissance qu’au décisif combat pour la vie. Les dessins accusent le désordre intérieur de l’être consumé par son feu. Au-delà de sa peau se déploie des chants nocturnes qui s’apparentent à un moment de danse cosmique. Le corps flotte dans l’éther, où le temps et l’espace s’affrontent et se confondent dans la suprême pesée de l’impondérable, où les conditions et les formes se noient en réciprocité absolue. Le féminin s’impose dans la révélation de son existence, en apothéose, il s’épanouit dans le mystérieux flottement et l’oscillation délicate de l’au-delà et l’en deçà, de l’en haut et l’en bas, du présent et de l’absent.

Image à la Une © Solo ma non troppo.

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