Gus Van Sant

Franchir le seuil.

Exposition de Gus Van Sant jusqu’au 07 janvier 2018 au Musée de l’Elysée à Lausanne.

Gus Van Sant, Boy and Girl, de la série Cut-Up, 2010 © Gus Van Sant.

Gus Van Sant a remis en cause la question du portrait et de l’identité par un travail de fond à travers les « occurrences » qu’il a ouvertes. Il a prouvé combien par la prise photographique et le cinéma, au sein même d’une forme de classicisme, le visage à la fois « s’envisage » et se « dévisage ». Le créateur ne faisait pas abstraction de ce qu’il en est de l’identité ou de l’anonymat la transforme en « tableaux » de genre trouble et troublant. Travaillant avec l’apparence pour le dénaturer il perturbe notre regard et ses habitudes de reconnaissance.

Anonyme, Doug Cooeyate dans Mala Noche de Gus Van Sant, 1986, © Sawtooth Film Company.

Il existait chez Van Sant une absolue nécessité du visage pour le manipuler en une célébration d’un cérémonial capable de souligner les gouffres sous la présence et de faire surgir des abîmes en lieu et place des féeries glacées. Portraitiste au sens plein du terme, il s’élève contre tout ce qui, dans son art, pouvait présider au désastre croissant de l’imaginaire. Avec l’artiste se franchit un seuil. On passe de l’endroit où tout se laisse voir vers un espace où tout se perd pour approcher une renaissance incisée de nouveaux contours. Le portrait photographique ne demeure plus métaphore ou reproduction mais la spécification de l’être ou plutôt de celui qui est caché en lui.

Photographie à la Une © Gus Van Sant, Gus Van Sant, de la série Hanson.

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