Noires sœurs.
LIVRE « Regards croisés sur une photo » par Elizabeth Prouvost et Charlotte Rampling, aux Éditions Bernard Dumerchez.
Dans une confrontation communiante et en écho l’une de l’autre, Elizabeth Prouvost et Charlotte Rampling appellent la lumière derrière l’obscurité,la lumière derrière le silence. La seconde parle des œuvres de la première et c’est une manière d’approfondir notre vision, de spiritualiser le corps mais dans une expérience charnelle et par la recherche d’un mouvement de vie contre la mort que l’on donne aux femmes métaphoriquement ou réellement
Chacune – et par son expérience spirituelle et intellectuelle –a compris que lorsque le corps se transforme, l’esprit « suit ». Et existe ici une cérémonie où la chorégraphie visuelle baroque d’Elizabeth Prouvost crée moins un rêve qu’une vérité d’incorporation chez Charlotte Rampling qui avoue y retrouver, avec pudeur, un corps premier et générique.
« Les pensées insuffisantes laissent fuir ma vérité »rappelle pour sa part Elizabeth Prouvost et par les formes insondables qu’elle ravive, elles redeviennent tout autant à une harmonie que les hommes – à travers Ève et leur légende mythique – ont tenté de biffer.
Ici le noir provoque une illumination, un temps plus pur que rêvé.Une chaleur sourde s’exalte, une volupté aussi. Elle fait échapper Marie-Madeleine et Madame Edwarda au bordel. L’essentiel est une beauté qui, via le corps, atteint les régions les plus reculées de l’esprit.
Image à la Une © Éditions Bernard Dumerchez.