François Cachoud

Nocturnes savoyards.

« Les nuits transfigurées », jusqu’au 17 septembre 2017. Musée des Beaux-Arts, Chambéry.

En dépit de leur ambiance nocturne les paysages de Cachoud (1866-1944) ne sont pas forcément sombres et menaçantes. Les thèmes de l’arbre solitaire, du climat hostile chers à la peinture romantique sont évacués. La peinture fait fonction de labyrinthe oculaire enlacé dans le paysage. Tel Spinoza s’efforçant, dans sa retraite, de polir avec patience jusqu’à la perfection ses lentilles optiques, l’artiste affine sa peinture pour donner à la nature un mélange d’illusion et de réalisme au sein d’une confusion nocturne organisée. Cachoud s’insinue au cœur des éléments afin de les faire communiquer dans une unique et gigantesque métaphore.

Franchir son seuil ne revient pas à trouver ce qu’on attend car la peinture nocturne ne risque pas de rameuter du pareil, du même surtout à une époque la lumière artificielle n’existait que fort peu dans les montagnes savoyardes. Chaque toile recèle une puissance sourde. Le « négatif » nocturne apparaît tel un positif là où aux arêtes vives, l’artiste préfère des concavités plus subtiles. Le statisme ne fait jamais obstacle au sentiment du mouvement. Le rectangle des toiles donne, avec une surface plus ou limitée : l’idée de l’immensité là où l’horizon se perd dans l’ombre en des formes certaines ou incertaines, sombres ou illuminées. La force du tableau tient à sa qualité de surface et de matière : l’éloge de la nature passe par là, par cette nécessaire « platitude » qu’est tout tableau. Souvenons-nous de ce que disait Bram van Velde : « ce que j’aime dans la peinture c’est que c’est plat ».

Image à la Une © Musée des Beaux-Arts de Chambéry.

2 Comments

Leave a Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.