Dialogue du silence.
BEAU-LIVRE « Fredon » avec un texte de Solange Clouvel et des sérigraphies de Joël Fremiot aux Éditions Collodion.
Les brouillages sémantiques et visuels de Solange Clouvel et Joël Fremiot ne tiennent en rien du hasard. Le livre avec sa peau de mots et de sérigraphies prend valeur d’aura dans une sorte de cavalcade de syntagmes juxtaposés, d’images et de textes pour créer par le bouillonnement créatif. Dans un tel assemblage se touche à l’infranchissable du sens et des sens avec « en complément » une réflexion sur l’origine et la propriété du geste pictural et de l’écriture.
Fredon © Éditions Collodion.
Peu à peu tout va vers les portées de blanc de la fin, là où les deux créateurs « griffent » un art poétique et pictural propre à stimuler l’œil et la pensée. Et Joël Fremiot qui fut l’invité adoubé par le Groupe Support-Surface (1973-1975) et qui sur des toiles de grand format inscrivaient en des formes triangulaires et losangées qui se répètent, les porte ici par la saturation de couleurs vers l’épuisement que la poétesse reprend à sa main.
Fredon © Éditions Collodion.
Le dépouillement n’est pas forcément dans « Fredon » ce qu’on entend par là. Ses développements sont plus subjectiles plus inattendus. L’activité poétique s’oriente vers une réflexion sur sa peinture (et vice-versa). Texte et images se tendent les unes vers les autres pour attirer le regard et l’intelligence dans une étrange sarabande dans ce qui tient d’une d’interpellation sans approche ou ce que Blanchot nomme « un tutoiement sans tu à tutoyer ». Un tel livre moins que de souligner la mollesse de l’être, l’arrache à sa possession par lui-même. Loin de la stupéfaction passive, l’œuvre crée un miroir qui rappelle au spectateur sa propre absence de fondement.
Image à la Une © Éditions Collodion.
