Scènes et cendres.
Isabelle Pilloud, « Femmes et artistes à Fribourg ». Musée de Charmey, jusqu’au 12 février 2017.
Saisir le corps est difficile : il réclame une attention, un abandon et une intelligence secrète. Les peintures d’Isabelle Pilloud les possèdent : chacune de ses œuvres « frappe » juste, va à l’essentiel dans la recherche d’un point d’équilibre que l’artiste sait toujours saisir. Elle sait faire saillir des lieux de silence où tout se fragmente et se reconstruit.
Isabelle Pilloud capte les couleurs et les formes essentielles. Le temps passe-t-il ? La Suissesse installée à Berlin le retient. Elle connaît le monde interlope, le saisit. L’ombre demeure mais cela n’empêche en rien sa fluorescence. S’éprouvent le gémissement du corps, sa jouissance sans lyrisme, pathos, volonté de reproduire le réel.
L’artiste offre une vérité d’incorporation entre le sombre et la lumière, par une partie du corps ou son tout. Elle multiplie le regard par la vision de femmes douloureuses, muettes mais droites dans leurs bottes. Elle repère des brèches qui permettent d’entrer dans la partie de la féminité habituellement inaccessible et qui n’a rien à voir avec l’exhibitionnisme mais avec une lutte politique.
Restent un récit en lambeaux, des architectures subtiles. Chaque œuvre conduit en bordure des ravins. Là où la brèche s’ouvre, par le souffle de l’image, sur les chemins de traverses. Dans la pulpe du silence la peinture est fable de présence, fragments de l’essentiel.
Image à la Une : Retour de Marche, Isabelle Pilloud.