Jean-Paul Jullian-Desayes

« Ne laissons pas la rouille se déposer sur nos os ».

Exposition jusqu’au 02 septembre 2017 à la Galerie Ruffieux-Bril, Chambéry.

Du romantisme Jean-Paul Jullian-Desayes ne cultive que la théâtralité tellurique. Non parfois sans humour. Il existe des fables où chats et souris sont prêts à faire l’amour au nom d’une « fraternité » que l’artiste (et poète) instaure à travers son travail de la terre à grès cuite, patinée et parfois du bronze. Eros et Thanatos s’y jouent des farces « obscènes » là où écrit Claude Niarfeix les pubis ambrés s’ouvrent à « des oraisons sous les draps » et ce jusqu’à s’en « arracher les cheveux ». Si bien que dans de tels montages des bras « débordent de leur tombe » pour embrasser le vivant.

Jean-Paul Jullian-Desayes, Florentine. Portrait réalisé à Florence d’après un modèle vivant.
Grès patiné façon pierre pour le visage et métal pur le buste support.

Certes le corps semble souvent une surface sinon « de » mais « en » réparation. Il est recouvert de prothèses en mémoire au premier métier de J-P Jullian-Desayes. De tels « primitifs » restent soumis à la chaleur oppressante d’un enfer. Le désir y frôle son impossibilité et cette menace entretient un certain malaise. Si bien que de telles sculptures ne peuvent laisser indifférents : renarde et patineuse jouent les mortes-vivantes et deviennent  ces insectes qui accordent à Grégoire Samsa de Kafka une nouvelle vie et un supplément d’humour.

Entre rire et terreur et dans l’incandescence l’artiste « force » le corps à se montrer tel qu’il est. Non dehors mais dedans. Si bien que la vision d’une sculpture à caractère sacré n’a plus rien de religieux. Où tout au moins – et si religion il y a – elle n’est plus catholique ou romaine et bascule t vers Thor et les dieux nordiques.

Jean-Paul Jullian-Desayes, Homme couché sur le côté, grès noir ciré.

Tout demeure mystérieux et fascinant. À la réalité se superpose une forme de fiction, voire de science-fiction de temps primitifs. Si bien que dans son propre Désert de la Mort Jullian-Desayes crée un univers moins géographique qu’allégorique. La vie en ses plus profondes palpitations, frontières et limites extrêmes jaillit au sein des cérémoniels austères mais drôles, violents et érotiques.

Image à la Une © Jean-Paul Jullian-Desayes, Nu adossé, grès émaillé.

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