Révisions des poncifs.
Exposition « Bâtisseurs d’Afrique » jusqu’au 28 juillet 2017. Galerie L’Antichambre, Chambéry.
Koffi Mens est un artiste togolais qui réside au Burkina Faso. Portraitiste d’un genre particulier (de loin la figuration pourrait sembler presque « officielle ») il donne à voir des personnalités africaines illustres. Mais plus que le sujet la technique est intéressante et met en abîme la figure du héros. Le portrait devient un trompe-l’œil : il est visible au sein d’une salmigondis de formes.
Initié au portrait par sa collaboration avec Patrick Singh, le jeune peintre a utilisé le scalpel pour ajourer des morceaux de bâche qu’il pose sur des toiles marouflées. Dès lors ses « Bâtisseurs d’Afrique » tel le poète Pacéré Titonga, le cinéaste Abderrrhamabe Sissako, les interprètes Myriam Makeba et Barbara Hendrix, le médecin Denis Mukwébé qui recueille des femmes violées, le peintre Basquiat, le politicien Nelson Mandela sont visibles mais seulement à « bonne » distance. Si bien que la vision de « héros » reste relative.
Dans une culture peu encline au genre du portrait, celui-ci reste donc sous caution. Preuve qu’un homme héroïsé n’est pas forcément ce que son âme laisse croire. Seules certaines données historiques ou politiques mettent en exergue ces personnages. Les portraits de Koffi Mens restent donc ambigus car l’histoire de héros est aléatoire.
Toute légende passe par la focale idéologique. Le genre est donc remis en cause. Les géants restent « des nains juchés sur les épaules de l’histoire ». Leur vision est une histoire de dogme que la technique de Koffi Mens remet en cause. Entre vilain et chevalier un doute subsiste. Et la hauteur d’homme ou d’idole est donc à réviser. Du portrait commun jaillit une autre image plus singulière. En bégayant e tels portraits parlent mieux
Image à la Une © Koffi Mens.