Henry Darger, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris jusqu’au 11 octobre 2015.
Henry Darger n’a jamais été plus proche de quelqu’un que de sa folie. Elle a fait de lui le parfait iconoclaste et un des maîtres absolus de l’art brut. Mort parfaitement inconnu après de plusieurs séjours en hôpitaux psychiatriques, l’américain ne peut être qualifié à proprement parler d’artiste ou d’écrivain. Pour autant une puissance dramatique sidérante surgit de ses images apparemment charmantes. Leur fascination particulière ne tient pas seulement au fait que les petites filles soient armées de phallus. Tout compte fait cela n’est qu’un appendice en l’œuvre. Elle recèle du « sangsuel » sous effet d’« eau pâque ».
Les araignées dans la tête de l’Américain permirent de produire des fables étranges de manière compulsives et en des milliers de pages. Son monde est celui de Fregoli et Grüss tout autant que de Falstaff. Mais qu’importe les transatlantiques et le jeu des pistons des royaumes de l’irréel. En clown blanc Darger fut un fornikator, un insctinctivore qui anima moucheronnes et loustics. Lorsqu’il fit déserter le fond de leurs jupes à ses fillettes il n’y avait aucun risque de débordements malsains. Maigres comme des clous ses gamines n’étaient pas faites pour rendre marteau les pervers pathologiques. Elles sortent de leurs habits comme un peuple en lutte. Elles jaillissaient de l’inconscient de Darger par ses doigts qui les dessinent et peignent avec une discipline irrépressible. Le monde y est terrible où sous feinte de sucrerie. Les bêtes humaines vissées à leurs brancards se battent entre elles comme le fer pendant qu’il est chaud. Elles forgent l’univers ou l’ange descend du singe. À moins que ce ne soit le contraire. Preuve que sous la folie l’homme portait en lui le Fatum de l’artiste dont la langue plastique dépasse bien des sinécures en vogue soudain réduites au rang de facéties.