Le Bar Floréal

Dans le labyrinthe.

Le Bar Floréal, 1985 – 2015 Photographies. « Une soir j’ai assis la beauté sur mes genoux », du 12 mai au 31 août 2016, Carré de Baudouin, Paris.

Pendant trente ans le Bar Floréal a offert une liberté de regard au public grâce aux artistes qu’il a contribué à faire connaître. Le lieu développa des propositions plastiques selon des perspectives à la fois politiques et esthétiques. Le conformisme et la beauté marmoréenne s’y dissipent au profit d’un radicalisme où se croisent des influences du réalisme et du poétique, de l’urbain et d’intime. Les photographes y explorèrent un monde étrange où individus, objets, formes ouvraient le monde.

Le Bar Floréal_André Lejarre, Shiki peintre 2015

© André Lejarre.

Chaque exposition accompagnait les tourmentes du réel de manière profondément dérangeante. La pauvreté et la misère surgissaient autant de la banlieue parisienne que des lieux en déshérences (Haïti pillé par Duvalier). Différentes générations de photographes ont fait jaillir un monde inquiétant où se mêlent la violence mais parfois une certaine douceur, l’urgence et l’appel à un « bonheur ». Cela témoignait de la part des artistes d’une absence d’inhibition, de peur, de préjugés. Ils demandèrent à ceux qui regardaient le même abandon. Le Bar Floréal prouva donc que peuvent vivre des lieux où les des « pièces manquantes » surgissent de manière inattendue afin de poser la question du réel et de l’existence.

L’exposition montre ceux qui illustrèrent le lieu sous la direction de François Huguier (commissaire de l’événement) selon une scénographie originale. À côté de figures tutélaires – le photographe Willy Ronis, le graphiste Tartacover, le plasticien Hirschorn – se retrouvent des œuvres photographiques sans concession. Par exemple celle Christophe Bardot et sa poétique de la ruine. En opposition l’œuvre de Sophie Carlier offre une vision intimiste et onirique. Quant à Éric Facon il accorde au quotidien une dimension intemporelle là où Olivier Pasquier donne au « corps incompréhensible » une dimension éphémère et cachée.

Toutes les œuvres dans leur confrontation créent une dynamique entre formes organiques et formes culturelles suggérées par la présence humaine et ses instruments et lieux de travail. Ignorant le maniérisme les artistes ne se veulent pas pour autant de simple traducteur du réel. Ils le réinterprètent. Et si les « motifs » sont importants ce qu’ils deviennent est encore plus. Les regardeurs atteignent un monde qu’ils côtoient mais veulent ignorer. L’exposition propose un jeu des multiples combinaisons loin du voyeurisme. Les fomenteurs de ce lieu pendant trente ans ont appuyé sur les contrastes qui font vaquer entre la vie et ce qui l’entrave là où les genres eux-mêmes ne trouvent plus d’assises solides selon des formes ouvertes aux interprétations.

Photographie à la Une © Bernard Baudin, SNCF 2015.

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