Attente et atteinte.
LIVRE « Lettres IV – (1966-1989) », Samuel Beckett, traduit de l’anglais par Gérard Kahn, aux Éditions Gallimard, 760 pages, 58€ (à paraitre le 26 avril 2018).
La perverse somnolence des derniers héros de Beckett – entre autres ceux des « pièces pour la télévision » ; atteint dans ce dernier et magnifique corpus de lettres, l’auteur lui-même. Le « mourir » n’est plus seulement une vue de l’esprit. Il suit son cours, arrive. Et les lettres (comme l’œuvre) sont en parfaite symbiose avec cette venue irrémédiable.

Samuel Beckett.
Les missives – toujours attentives à l’autre – deviennent ce qu’on peut appeler la didascalie du silence, pour mieux l’exhausser à l’approche du grand sommeil. Preuve que cette existence en creux et pourtant constellée d’étoiles (le livre commence lors de l’attribution du Prix Nobel) est rivée à une matière première restée première, intransformable dont la vieillesse renforce l’épuisement tout comme ce que l’auteur nomme « le funeste penchant de l’expression. ».
Image à la Une © IMEC, Fonds MCC, Dist. RMN-Grand Palais / Gisèle Freund.