Los Adioses

FILM « Los Adioses » par Natalia Beristain-Egurrola.

Los Adioses, proposé en avant-première aux 13e Images Hispano-Américaines, n’est pas tout à fait un biopic de la grande écrivaine-poétesse mexicaine Rosario Castellanos, mais plutôt un regard posé sur la condition féminine et un rapport de pouvoir homme/femme.

Bien entendu, la réalisatrice mexicaine y trace le portrait de Rosario Castellanos, un portrait de femme intime et moderne qui parle d’elle-même et de son rapport amoureux avec son conjoint Ricardo Guerra écrivain lui-même reconnu. C’est d’ailleurs sa correspondance avec lui qui a servi de base au film où l’on découvre à la fois toute la passion de ces deux êtres, leurs déchirements et les rapports de pouvoir qui s’étaient installés entre eux.

Le film montre bien cela, en particulier le combat incessant entre les deux artistes, la jalousie d’un homme qui a du mal à supporter l’aura populaire de son épouse mais plus encore, le film nous parle de l’engagement féministe de l’écrivaine, de son désir d’être reconnue et de sa liberté revendiquée. Cette modernité du personnage mais aussi sa fragilité sont incarnées par le jeu parfait de la comédienne Karina Gidi. Face à elle, l’étonnant Daniel Giménez Cacho lui donne la réplique endossant à son tour toute la complexité d’un personnage de mari amoureux, terriblement jaloux et  machiste à souhait.

Cependant, ce film de Natalia Beristain va bien au-delà de ces rapports conjugaux conflictuels, il nous entraîne aussi dans la psyché de l’héroïne par un jeu subtil de flash-back qui mettent à jour la relation juvénile entre la protagoniste et son mari étudiants. Nous comprenons alors que la rencontre et les premiers émois amoureux se sont construits sur un  rapport de force. La jeune poétesse fascine déjà cet étudiant énamouré par ses poèmes tout juste publiés et par son engagement politique. Il s’agit pour lui, en la séduisant, de se mettre à sa hauteur et de briller à son tour.

Voilà un film complexe et magnifiquement mis en scène par une image claire et précise, telle cette scène où la caméra plonge sur le corps de Rosario qui s’abandonne sensuellement dans l’eau du bain.

Image à la Une © Cinépolis Distribución.

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