Lou

À l’occasion de Montréal en Lumière, festival hivernal québécois créé il y a 17 ans, nous avons pu observer Lou Doillon enivrer le plancher du Métropolis vendredi dernier.

Il est 20h, les bières se vident et se remplissent au fur et à mesure que les minutes nous rapprochent de la chanteuse. La salle s’agite, impatiente. C’est Andy Shauf qui chauffe la scène du Métropolis avec ses trois acolytes en première partie. Ce groupe de Saskatchewan nous fait voyager sous les vibrations d’une basse suave et d’un clavier à la mélancolie passagère pendant trente minutes, de quoi nous mettre en appétit. On s’attache au jeune Canadien un peu timide, installé dans le coin de la scène et qui nous chante ses mélodies comme si c’était la première fois, un rock empreint de sonorités jazzy, doux et envoûtant, parfait pour accueillir Lou Doillon.

Lou Doillon © Véronique Mystique

Lou Doillon © Véronique Mystique

Puis c’est à son tour d’entrer sur scène précédée de ses quatre boys, sous les acclamations d’un Métropolis affichant complet. Telle une icône des seventies, c’est chaussée d’une belle paire de bottines dorées, la frange dans les yeux et le grand sourire qu’on lui connaît, qu’elle débute le concert. Lay Low son nouvel album nous charme sur le champ. Enregistré à Montréal en compagnie de Taylor Kirk (Timber Timbre, dont on ressent considérablement l’influence), il nous offre des musiques charbonneuses et mélancoliques interprétées diaboliquement bien par une Lou émotive, se confiant souvent au public «Je suis vraiment contente d’être là, vraiment émue. C’est un peu comme revenir à la maison, pour moi».

Lou Doillon © Véronique Mystique

Lou Doillon © Véronique Mystique

C’est sur So Still qu’on découvre tout le potentiel de la chanteuse: elle s’adresse à nous d’une voix tantôt poussiéreuse, tantôt claire, accompagnée par des gestes d’une nonchalance et sensualité sans égale. Au cours d’un crescendo obscur, ses bras se mettent à danser, ses mains caressent l’air chaud et ses hanches s’enveniment. Nous sommes envoutés. L’atmosphère est presque électrique et c’est avec une voix qui murmure et nous caresse qu’elle se livre encore «J’vais vous dire ce qui me fait le plus plaisir: c’est de voir les gens danser. Alors… je ne fais pas vraiment de la musique qui amène à danser, mais… sinon, j’adore voir les gens se rouler des grosses pelles. Comment on dit déjà ici ? Se frencher! J’adore voir les gens se frencher…». Nos yeux se ferment et notre imagination s’emballe, on veut voir nos bras s’agiter, s’enrouler au rythme des siens, dans une transe hypnotique digne des années 70.

Lou Doillon © Véronique Mystique

Lou Doillon © Véronique Mystique

La foule ose se balancer sur des chansons plus rock comme « Worth Saving » ou « Defiant » sur le rythme sec d’une batterie assurée. Étonnée et émue face à l’emballement des spectateurs, Doillon nous remercie ou s’arrête sans rien dire entre ses morceaux, simplement pour nous regarder le sourire grand et le souffle court. Généreuse et attendrie, elle nous embarque avec elle pour un road trip musical arpentant ses souvenirs, ses expériences et ses déboires.

Lou Doillon © Véronique Mystique

Lou Doillon © Véronique Mystique

Puis c’est avec un « Places » presque sépulcral qu’elle revient pour un rappel poignant, nous offrant une performance quasi théâtrale soulignée par des lumières en harmonie avec l’ascension intense de la chanson. Un climax final qui nous donne envie de rugir nous aussi de nos voix rauques et caverneuses.

Doillon termine en beauté en jouant les chefs de chœur avec un « Weekender Baby » interprété en duo par la foule, amoureuse. On achèvera le concert tous ensemble, sur des « Mmm mmm » vrombissants qu’elle aura laissés glisser sur le rythme lent de ses mains, directives, en contrôle.

Photographie à la Une © Véronique Mystique.

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