La question du féminin : « l’infame-fame ».
Maël Baussand ne cesse d’interroger un point majeur : « savoir ce qu’il convient de faire du féminin. La féminité, dans toutes ses acceptations, semble constamment être un problème, comme si être femme était une indisposition naturelle. On invisibilise donc ce qui gêne, particulièrement dans son corps » écrit l’artiste. À l’inverse on « spectularise » ce qui arrange les voyeurs, leurs charge sensorielles, leur mythologie personnelle mais programmée. Bref tout ce qui rend le corps féminin propre à la consommation fantasmatique libidinale.
À partir de sa série choc (« Les Dentelles ») où elle visualise en très gros plans les menstruations (« je parle de mon sang quand il saigne »), la photographe poursuit une quête qui joue de l’indécidable et de l’ambiguïté. Le contenu sémantique de ses images contrecarre un certain « bon » goût et une idéologie proprette qui ignore le trouble ou le censure. À l’inverse l’artiste aime le flou ou le détour ou à l’inverse l’abrupte, le tranchant. Bref elle refuse la « bonne » focale, l’admissible en qu’elle nomme « L’infame-fame, entre la frénésie du visible de Linda Williams et l’effet-Méduse de Philippe Dubois ».
L’artiste ne cesse de briser la représentation de la femme réduite à son image. Elle en paye le prix : on l’a par exemple menacé de lui faire manger les tampons hygiéniques qu’elle exhibe. Mais le mal est fait (et le mâle refait). Tirant le corps féminin de la prétendue souillure comme des images glacées, surgit une autre « fluidité » des images. L’œuvre quitte tous les archétypes « divins » que les hommes ont inventés de peur de n’être qu’un souffle provisoire, un courant d’air de leur boîte crânienne aux orteils. Maël Baussand ne cesse donc de jouer avec les signes qui dopent l’esprit en des images faussement votives. Elle les transforme en gouffre où les hommes peuvent plus aller puiser leur élection.
Photographie à la Une © Maël Baussand.