L’extrême féminin.
Marina Abramovic, The Cleaner, Ed. Lena Essling, textes de Marina Abramovic, Tine Colstrup, Lena Essling, Adrian Heathfield, Devin Zuber, Bojana Pejic, Hatle Cantz. Paru aux Éditions Hatje Cantz, Berlin, 2017, 39,80€.
Généralement tout enfant se confronte à des héros et des jouets. Or dit Marina Abramovic « Je n’ai jamais eu de jouets, je ne me souviens d’aucun jouet ». Côté héros elle ajoute : « Je n’ai jamais été influencée par un artiste, parce que je souhaitais être influencée par aucun héros ». Dès lors dans son travail elle est intéressée uniquement par la cosmologie, les sciences, l’anthropologie, l’histoire des vieilles civilisations. Ses influences sont dit-elle « mes sortes de rêves » et non de vraies personnes ou leurs substituts ludiques. Même ses modèles (Sainte Thérèse d’Avila, Jeanne d’Arc, la Déesse Kali qui « danse sur les corps de deux autres dieux, homme et femme qui font l’amour et cet acte sexuel donne à son corps l’énergie pour vivre et ne jamais mourir ») ne sont pas en ce sens des êtres spécifiques mais des entités.
Le travail de Marina Abramovic ramène aux cultures anciennes où des cérémonials furent fondés sur la souffrance pour explorer les forces de l’esprit et la mortalité du corps physique. Il s’agit pour la créatrice de rappeler à l’être humain qu’il est mortel et combien le présent est important : « On ne peut pas regarder vers le passé ; il a déjà disparu et l’on ne sait rien sur un futur incertain ». D’où l’importance pour elle de la performance puisqu’elle est fondée sur le seul moment. Elle offre une image mouvante sur laquelle le spectateur peut méditer de manières bien différentes voire envisager l’existence comme les Soufis : la vie est un rêve et la mort un réveil. Chaque fois chez elle l’image de la femme reste l’idée première d’un cycle sans fin.