« Solitude of Raven », du 24 février au 23 avril 2016 à la Michael Hoppen Gallery de Londres.
Le divorce de Masahisa Fukase fut traumatique. Il l’entraîna dans une crise existentielle. Elle permit toutefois une métamorphose de son travail. Le corbeau en devint l’image hypnotique même si la femme demeure présente. L’œuvre transforme le passage entre ce qui fut rêvé à l’impatience de la réalité telle qu’elle est quoique représentée allégoriquement par le corbeau. Il vole dans un ciel bien plus morne que celui de Van Gogh. Et pour l’artiste il s’agit de glisser « de la non-Rem à la Rem » comme disent les philosophes.
Pour ce passage existent trois possibilités : un réveil fixe, un réveil à la carte ou pas de sommeil du tout. Fukase jusqu’à sa mort n’a cessé de naviguer entre les trois. Il prouve combien le réveil du désastre amoureux reste complexe et rappelle que le « chien et loup » du réveil signifie une heure incertaine, un monde intemporel que la photographie saisit entre le gris des ombres nocturnes et la lumière du jour. Quelque chose est là qui tourmente : ce n’est pas un trou, un vide mais pas encore un plein. Juste une corruption lente des rêves et des miasmes là où la conscience et la lumière resteront offusquées et confisquées.