Il ne faut pas être un spécialiste de musique classique pour se rendre compte de l’exceptionnel qu’il nous a été invité à voir au Centre Culturel et des Congrès d’Aix-les-Bains pour le concert d’ouverture du festival des Nuits Romantiques avec à l’affiche un casting audacieux annonciateur une belle soirée.
L’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon Provence Méditerranée, réputé pour offrir au public un travail qui joue sur la corde de la sensibilité, était dirigé par Segio Monterisi, chef d’orchestre jouant dans la cours des grands chefs de ce monde. Cet ensemble interprète donc Chostakovitch, Tchaïkovski et Prokofiev avec justesse, précision et minutie. Nous pouvons avoir l’impression d’entendre chacune des notes de la partition en se laissant pourtant embarquer dans le flot d’émotions poussé par ces compositeurs.
C’est dès la première partie de ce spectacle que nous sommes confrontés à Nemanja Radulovic, jeune violoniste couronné de nombreux prix et récompenses dans son pays d’origine et plus largement en Europe dès l’âge de onze ans. L’entrée en scène est digne d’une rock star, et c’est bien une telle présence que nous avons là. Le costume très dessiné, noir, audacieux et androgyne, les cheveux bouclés longeant le dos telle une crinière noire, la visage dégagé… Il entre sur scène, est applaudi par le public, s’installe à côté du chef, l’orchestre commence à jouer, lui se balance sur ses deux pieds, comme pour s’installer dans les starting blocs, il est prêt, il pose son archet sur ses cordes et c’est parti… C’est tout son être qui s’incarne dans les notes qu’il joue, c’est une humanité débordante qui nous est renvoyé à la figure, son violon et lui ne font qu’un, évidemment c’est un virtuose mais il est bien plus que ça, il joue avec une facilité déconcertante qui lui permet de s’engouffrer tout entier dans cette partition qu’il a dans la tête. Il est fascinant, nous ne pouvons pas détourner le regard, il est splendide et rayonnant de ce que nous attendons de la musique en général… l’émotion qui nous fait sentir vivant, sensible, être humain parmi les êtres humains. C’est cela que nous avons vécu à Aix-les-Bains pour l’ouverture de ce festival qui se place véritablement au sein des grands.
Image à la Une © Marie Staggat / DG