Dévisager l’évidence.
Pieter Hugo, « Peripheral Dispatches », jusqu’au 15 avril 2017. Galerie Priska Pasquer, Cologne.
La question de l’être passe souvent par le visage. Il reste l’interface majeure entre soi et le monde. Néanmoins le portrait ne se réduit pas à l’addition de ses éléments « utilitaires ». Il dépend d’autres paramètres (dont le racisme abuse au besoin). Si bien que dans sa manifestation le portrait reste toujours énigmatique. C’est pourquoi il fascine les peintres et les photographes. Un visage peut sembler le plus fort il est le plus vulnérable. Le sens commun le sait d’ailleurs bien lorsqu’il parle de « perdre la face ». Ajoutons qu’il s’agit du seul endroit où en société le corps est nu.
Pour autant cette nudité est un voile. Pieter Hugo le prouve. Ses photographies sont des « Dépêches périphérique » qui sortent des lieux hors-norme, inconfortables. En Afrique du Sud et au Rwanda, à San Francisco ou à Pékin, Pieter Hugo, par le visage, explore les marges où les normes s’écroulent mais où la vulnérabilité, la dignité, la beauté ne s’excluent pas mutuellement. Dans ses photographies un trait noir peut venir souligner des rondeurs ou approfondir des joues haves. Chaque prise est le creuset où un visage et un corps surgissent métamorphosés. Pieter Hugo ne tente pas de re-montrer une identité mais de la réinventer.
Photographie à la Une © Pieter Hugo| Beijing, 2015-2016 | ©Pieter Hugo, courtesy | PRISKA PASQUER.