Richard Kenigsman

Le corps et son double.

Dans la « foulée » de Jacques Sojcher, Richard Kenigsman crée un intime « Ite ». Celui qu’offre la femme qui permet de ne plus être seulement ce que l’homme a été. Et ce entre des mains infiniment fragiles mais qui n’abandonnent jamais le mâle comme il le fait : à savoir tel un jouet cassé. L’artiste se contente de dessins allusifs pour ouvrir des espaces inédits. Ils montrent combien reste mystérieux de s’envoler, de laisser faire des gestes ignorés et inventés sur l’heure afin de créer une provisoire éternité.

Les œuvres de Richard Kenigsman sont aussi sensuelles que subtilement décalées. L’artiste dans un « gribouillis » de lignes suggère un plaisir, une tendresse. Chaque fois la découverte de la rencontre prend des formes ironiquement douces qui désamorcent le souffre qu’elles contiennent.

Bref l’artiste joue les pompiers incendiaires. Les corps deviennent des chandelles qui se consument avant de partir en fumée mais aussi en sourires. Implicitement la sexualité vit de rien, de tout – à savoir de petits bouts d’amour. L’abrasion reste lente. La vision profonde est assourdie au sein d’un univers sobre, sombre mais néanmoins lumineux.

Chaque dessin reste à la source d’un émoi particulier, elle en devient la trace, la couleur (par le noir et blanc). Il n’y a ni haut ni bas mais un seul tenant où les êtres se lovent sans se disjoindre. C’est à peine si ce noir et blanc garde l’anxiété du chemin retiré lorsque les êtres s’abandonnent, perdus peut-être, éperdus sûrement.

Jacques Sojcher, « Eros errant », dessins de Richard Kenigsman, Éditions Fata Morgana, 64 pages, 2016.

Be first to comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.